samedi 21 juin 2025

Docteur Dahesh, écrivain et penseur visionnaire

Docteur Dahesh, éminent écrivain de la langue arabe, personnalité distinguée dans le domaine de la réflexion et fondateur d'une philosophie de vie unique, le Dahéshisme, naquit le 1er juin 1909 à Jérusalem, au sein d'une famille d'origine assyrienne et de foi protestante évangélique.

Son père, Moussa Elias El Ashy, exerçait la profession d'enseignant au sein de l'établissement qu’il avait fondé à Esfes, un hameau historiquement situé au centre de la Mésopotamie, désormais ancré en Turquie.[i]

En 1906, Monsieur El Ashy entreprit une expédition vers la Palestine, en compagnie de son épouse, Madame Shmouneh Mrad Kanoun. Au commencement de leur périple commun, le jeune couple s'installa à Bethléem avant de choisir Jérusalem comme leur lieu de résidence principal. Au sein de cette dernière cité, la famille El Ashy s'agrandit avec l'arrivée de trois filles et d'un garçon prénommé Slayman, mais affectueusement appelé Salim.

 À la suite d’un bref séjour à Haïfa, la famille prit la décision, en 1911, de quitter la Palestine pour s'installer au Liban, choisissant un quartier animé de l'ouest de Beyrouth.

La carrière du père El Ashy connut un essor significatif au sein de l'imprimerie de l'Université américaine. Quant au jeune Salim, son enfance ainsi que sa jeunesse se déroulèrent principalement entre le Liban et la Palestine, avec une attention particulière accordée aux villes de Bethléem et de Jérusalem.

À l'âge de onze ans seulement, Salim fit l'expérience de la perte de son père à Beyrouth, un jour de décembre en 1920. Lui et sa sœur cadette, Antoinette, furent admis en tant qu’élèves résidents à l'internat de l'orphelinat américain, implanté au cœur des collines de Ghazir, au Liban.

 Après une année 1921 fructueuse pour ce brillant élève, Salim dut toutefois quitter l'orphelinat en raison de la détérioration de son asthme. Il se rendit ensuite à Tripoli, au nord du Liban, pour retrouver sa mère et sa sœur aînée, Jamila.

Après une courte période passée auprès de sa mère, le jeune Salim fut envoyé à Jérusalem où il intégra temporairement un établissement scolaire. Cependant, son état de santé fragile se détériora rapidement, le rapprochant inexorablement du seuil de la mort.

En 1923, sa vitalité recouvra progressivement son élan après une convalescence prolongée. Contraint cependant d'abandonner ses études de manière permanente en raison d'une maladie chronique et d’un problème financier auquel sa mère dut faire face après la guerre, le jeune garçon se lança dans l'exploration et l'approfondissement de la langue arabe.

Doté d'une passion intense pour la poésie, la littérature et la philosophie, il assouvissait sa curiosité insatiable en explorant les étagères des bibliothèques, s'appropriant avec une grande intensité les ouvrages qu'il dévorait avec avidité.

Porté par un amour profond pour la lecture, ce jeune autodidacte rencontra des compagnons de lecture parmi des esprits tout aussi avides d'explorer les mots et les idées. D’ailleurs, dès le début de son adolescence, Salim El Ashy fut profondément captivé par une passion ardente pour les mots et l'écriture, les accueillant avec une ferveur évidente, se consacrant entièrement à cette vocation littéraire.

À dix-huit ans, ce jeune prodige de la littérature impressionnait son entourage par sa sensibilité romantique prononcée, son lyrisme passionné et son imagination débordante. Il s'investissait pleinement dans l'exploration passionnée de thèmes intemporels. Parmi ces éléments figurent le sens de notre existence, la place de l'homme dans l'immensité du cosmos, l'équilibre délicat entre la vie et la mort, les aléas du destin, la recherche passionnée de la liberté, les tempêtes qui troublent la quiétude ainsi que la violence des conflits, sans oublier les interrogations profondes sur le divin et l'au-delà.

Sa réputation grandissait comme un secret bien gardé, nourrie par ses compétences mystiques, ses idées innovantes et son charisme inné, attirant de plus en plus de disciples à lui. Les autorités ecclésiastiques étaient troublées par la présence de ce jeune homme charismatique dont les idées subversives, exprimées avec conviction, trouvaient un écho important parmi la jeunesse de Jérusalem et de Bethléem.

Dès son jeune âge, Salim El Ashy ressentait profondément qu'il était investi d'une mission spirituelle et qu’il devait la révéler en temps opportun, sous l'égide de l'inspiration de l'Esprit suprême. En s'engageant dans cette mission, il dévoila son secret:

Je perçois, en mon fort intérieur, la résonance intense d'énergies spirituelles invisibles, prêtes à se manifester pour accomplir une mission fondamentale qui demeure en moi, en attente de son moment opportun pour se réaliser. Soudain, les énergies latentes se manifesteront avec une intensité équivalente à celle d'une cascade déchaînée, balayant sans aucune retenue les obstacles et les défis qui se présenteront sur leur parcours. Ensuite, elles se révéleront à chacun de manière claire et évidente, sans équivoque ni ambiguïté. [ii]

 

C'est ainsi que le jeune esprit brillant et écrivain critiquait régulièrement le clergé, l'accusant d'exploiter la foi chrétienne pour exercer un contrôle sur les populations et de s'être écarté des valeurs nobles prônées par le Christ. Souvent marginalisés et ignorés, les dignitaires religieux demandèrent l'intervention des autorités en Palestine. Ils les encouragèrent à agir promptement pour contrer les actions de cet intellectuel de renom, dont la volonté de diffuser des idées révolutionnaires teintées de spiritualité fut perçue comme une menace pour la jeunesse.

De fait, le clergé engagea en 1927 une lutte intense et méthodique contre cet esprit brillant. Il sut sensibiliser les esprits à ses idées novatrices, décourager ceux qui louaient son intelligence, sa réflexion et son charisme, et n’hésita pas à utiliser la diffamation pour discréditer sa réputation.

Malgré les mises en garde répétées émanant du clergé, le jeune Salim Moussa El Ashy parvint à nouer des liens avec des jeunes en quête de sa direction spirituelle. Un groupe d'individus distingués, fervents défenseurs de sa philosophie, se rassembla autour de lui, formant ainsi le noyau fondamental de ses disciples.

Malgré son profond attachement à Beyrouth en tant que lieu de résidence, Docteur Dahesh ressentait un irrésistible appel à se rendre en Palestine. C'est ainsi qu'il séjourna pendant un certain temps à Jérusalem, accompagné de ses disciples, parmi lesquels se trouvaient le poète Motlak Abdel Khalek et l'homme d'affaires Tawfiq Al Esrawi.

En 1935, il dut affronter la douloureuse épreuve de perdre ses deux amis et disciples, deux compagnons précieux qu'il honora à travers des élégies empreintes d'une profonde sincérité, offrant ainsi un hommage éloquent à leur mémoire.

À un moment charnière de l'année 1937, une décision cruciale s'imposa à lui: renoncer définitivement à la terre de Palestine afin de rechercher un lieu permanent de résidence à Beyrouth, au Liban, en compagnie de sa mère et de ses sœurs.

À partir des années 1930, le jeune Salim entreprit un voyage épique, parcourant simultanément les régions européennes et les territoires arabes. En réalité, il reconnaissait que ses pas et ses gestes étaient guidés par une inspiration divine. Il est donc pertinent d'analyser ses déplacements à la lumière de son projet messianique.

À l'aube de sa vingtième année, il fut honoré du titre de Dahesh, une appellation évoquant l'exceptionnelle essence de celui capable de captiver le monde par ses réalisations spirituelles remarquables. C'est sous l'appellation de Docteur Dahesh que sa réputation commença à se développer.

Dès sa jeunesse, Docteur Dahesh se démarquait par son génie exceptionnel et son don spirituel, lui permettant d'accomplir des prodiges. Ces réalisations exceptionnelles visaient à démontrer l'existence de Dieu, l'immortalité de l'âme et la légitimité de son message spirituel, ce qui lui valut le soutien fervent de ses disciples et de son cercle proche.

Après un travail assidu, ce passionné de savoir acquit une érudition remarquable. «Les livres sont pour moi ce que le vin est pour les buveurs ! Cependant, plus j'approfondis ma lecture, plus je gagne en lucidité », affirme-t-il avec une certaine fierté. [iii] 

Sa grande passion pour les mots, qu'il assimilait avec une forte avidité et qu'il travaillait avec dévouement, commençait à donner des résultats. Ainsi, durant la période s'étalant de 1927 à 1933, il parvint à donner vie à trois ouvrages remarquables de prose poétique : Les Secrets des Dieux, La Lyre des Dieux et Le Repos de la Mort.

Dans ses deux premières créations littéraires, Docteur Dahesh dévoile pleinement les élans de son âme ainsi que ses émotions lyriques. Il exprime ses sentiments à travers des poèmes en prose authentiques, où la simplicité, la retenue et la clarté se mêlent à la grâce, à la sincérité, à la proximité, à l’harmonie et à l’élégance, pour créer une symphonie de tonalités et de nuances, reflétant ainsi l’essence de son être, assoiffé de Beauté et désireux de cheminer vers Dieu.

D’ailleurs, Docteur Dahesh était reconnu comme l’un des précurseurs de la prose poétique dans le paysage littéraire arabe du début du 20 siècle. Tout comme le talentueux écrivain Khalil Gibran, il se distinguait par sa parfaite maîtrise de ce style d'écriture novateur, s'appliquant brillamment à explorer ses divers aspects pour exprimer ses émotions et ses pensées les plus profondes. Libéré des conventions dépassées de la poésie de son époque, il maniait les mots avec une audace incomparable pour exprimer ses pensées.

Aux côtés du poète et philosophe Khalil Gibran, Docteur Dahesh était également reconnu comme un pionnier d'un courant romantique en plein essor dans la littérature arabe, dans un contexte marqué par l’émergence d’un mysticisme spirituel fascinant. Dès ses débuts dans le domaine littéraire, le jeune écrivain manifestait également, à l’instar de Khalil Gibran, une profonde solitude morale, en écho à la solitude caractéristique du poète ou du génie romantique en Europe. Il déclarait: "Je suis étranger en ce monde et combien j’aspire à cette heure où je ferai retour à ma véritable patrie !"[iv] Il exprimait fort son sentiment d’isolement et mettait en lumière sa solitude, à l'instar de Vigny dans son ouvrage emblématique Stello. La solitude particulière de Docteur Dahesh s'intensifiera progressivement et de façon régulière à travers une série d'ouvrages en prose poétique, jusqu'à sa fin.

Au fil de sa carrière littéraire, marquée par une profonde dimension lyrique, on peut répertorier une cinquantaine de recueils parmi lesquels se distinguent des titres tels que Le Cœur brisé, L’Enfer des souvenirs, Sentiments et tempête, Flèches et lances, Les Illusions éphémères, Les Songes terrestres, La Lyre des Peines, L'Inspiration de la Captivité et du Dénudement, de l'Exil et de l'Errance, Les Labyrinthes, Les Supplications humbles, Le flot des larmes, Les Jardins des dieux, ornés des Roses du Paradis, ainsi que Les Paradis des Déesses, sertis du Nénuphar Sacré, Le Chant de l'Amour, et bien d'autres encore.

Ces ouvrages littéraires de Docteur Dahesh sont de véritables chefs-d’œuvres éclatants, empreints d'une harmonie majestueuse et expriment les émotions de l’auteur tout en laissant transparaître son dessein messianique. En soulignant l’évanescence des préoccupations terrestres, cette littérature met en avant la célébration de l'amour idéal, prône le retour aux valeurs de l'âme et exalte la nature, perçue comme une œuvre divine d'une beauté incomparable. Ces écrits oscillent entre une profonde mélancolie teintée de tristesse et une exaltation empreinte de joie. Ils expriment de cette manière la douleur d'un esprit éclairé, qui éprouve un sentiment de séparation de son royaume céleste, loin de la béatitude divine tant désirée, et qui ne parvient pas à retrouver le bonheur idéalisé que par un retour à la félicité suprême de Dieu.

Docteur Dahesh est ainsi profondément immergé dans un environnement marqué par un engagement constant, évoluant au cœur d'une vallée de tristesse, aspirant ardemment à accéder à un royaume divin, à un univers immatériel: cette dualité accentue sa tristesse tout en ravivant sa nostalgie de l'au-delà.

Cette création poétique célèbre donc la danse perpétuelle de l'univers, soulignant le caractère éphémère de toute forme d'existence, incluant les liens humains tels que l'amour, l'amitié et la fidélité. En contrepartie, elle rend hommage à Dieu en tant que source de toute beauté, de toute bonté, de toute vérité et en tant que souverain de l'éternité. Elle met enfin en évidence la subtile domination du Mal qui soumet l'âme à l'influence oppressante de la chair, du matérialisme, de l'avidité, de la gloire éphémère, et ainsi de suite…

Outre ces poèmes envoûtants, Docteur Dahesh s'investit avec une passion profonde dans les subtilités de la philosophie. En plus de ses préfaces et de ses lettres adressées aux lecteurs, il créa des recueils de pensées concises dans le style de La Rochefoucauld ou de La Bruyère : Les Mots de Docteur Dahesh, Éclairs et Tonnerres, ainsi que Le Glaive Tranchant.

Convaincu de la force évocatrice des récits et persuadé de l'importance du récit, il créa des contes et des narrations qui reflétaient sa vision du monde, mêlant réalité sociale et spiritualité, à travers des ouvrages tels que Mémoires d'un Dinar, Histoires extraordinaires et légendes merveilleuses. En même temps, il s'engagea dans la rédaction des Mémoires de Jésus de Nazareth, un récit captivant dépeignant la vie de Jésus-Christ, de ses premières années à une période plus énigmatique de son adolescence.

Porté par un désir insatiable de percer les mystères de l'au-delà, des enfers aux paradis, il se lança dans la création de deux ouvrages majeurs : L'Enfer de Docteur Dahesh et Le Paradis. De plus, il créa des récits majestueux et grandioses imprégnés d'un symbolisme dense et fascinant, tels que Le Repos de la mort, Les Six Déesses, Adonis et Ashtarot.

À travers ces récits, il exposa son ambition messianique tout en décrivant les contours de sa vision littéraire. En effet, dès les premières pages de l'ouvrage intitulé Le Repos de la Mort, il exposa de manière explicite sa conception poétique. Docteur Dahesh soutenait qu’il écrivait au service de la Vérité, assimilée à la Divinité, où la Beauté et l'Amour brillent comme le reflet de cette Vérité céleste. Avec une conviction inébranlable, il déclara :

Qui saisit le sens de la Beauté a certes réalisé des progrès notables dans sa compréhension des mystères de l’Éternité et de l’Immortalité.[v]

 

Docteur Dahesh explorera cette esthétique en soulignant l'influence significative de l’écriture sur la société. Mémoires d'un Dinar, véritable pilier social, ainsi que les Histoires étranges et légendes merveilleuses, se révéleront comme des témoignages saisissants de cette réalité.

Guidé par un esprit avide d'exploration et de connaissance, Docteur Dahesh entreprit un périple autour du globe, rédigeant ainsi un compte rendu minutieux de ses observations. Les Voyages dahéshistes autour du monde, une vaste fresque littéraire en une vingtaine de tomes, mettent en lumière les modestes pérégrinations de leur auteur, captant son essence et offrant un regard singulier sur les diverses facettes de la vie au cours du 20 siècle. C’est le récit d'un sage, le témoignage d’un philosophe parcourant la vie avec éloquence, observant chaque instant avec une sincère admiration.

Par conséquent, les créations littéraires de Docteur Dahesh, imprégnées de sa vision artistique singulière, visent à insuffler une nouvelle vitalité à l'humanité en révélant les vérités spirituelles fondamentales. Ces expériences ont le pouvoir de guider l’homme vers une rencontre avec le divin et de restaurer en lui la joie qui lui manquait.

En effet, Docteur Dahesh communique avec subtilité dans ses écrits des réponses à nos préoccupations métaphysiques, qui conservent une pertinence intemporelle. Il s'applique avec détermination à élucider le rôle de l'humanité et des êtres vivants au sein des différents univers qui les entourent.

En parallèle, cet ardent défenseur de la Vérité absolue expose de façon concrète et méthodique sa philosophie spirituelle à travers les miracles dahéshistes. Comme précédemment évoqué, Docteur Dahesh possédait un don spirituel d'une singularité exceptionnelle, véritablement unique en son genre. En effet, tout au long de son existence, il accomplit des prouesses remarquables, et j’eus le privilège d'en être le témoin. Les actes spirituels qu'il menait se présentaient comme un spectacle vivant illustrant sa mission divine envers l'humanité, offrant ainsi une démonstration concrète de l'existence d'un Créateur tout-puissant et confirmant l'immortalité de l'âme. Il admet en outre qu’après la mort, tout individu, ou plutôt tout être dans toute sa diversité la plus entière, devait renaître pour s'épurer et, en fin de compte, se fondre dans l'essence même de la Puissance créatrice suprême.

Comme nous l’avons déjà mentionné, Docteur Dahesh accepta avec dévouement son rôle de messager divin en diffusant les principes de la foi authentique parmi la jeunesse de Bethléem et de Jérusalem. Il l’encouragea à approfondir son engagement religieux, à vivre pleinement sa foi en se référant à des textes sacrés interprétés de manière éloquente. Aussi, il profitait de chaque opportunité pour critiquer le clergé, le blâmant sans réserve pour avoir omis l'essence même de la foi. Les membres du clergé firent rapidement pression sur les autorités locales pour qu'elles arrêtent la propagation des idées syncrétiques de Salim, le jeune, considéré comme une menace pour leur propre doctrine. Cela nous amène à souligner que ce jeune auteur audacieux dut aussi affronter non seulement l'opposition du clergé chrétien en Palestine, mais aussi subir des pressions lors de son séjour au Liban.

En effet, dès 1936, Docteur Dahesh commença à évoquer une mission céleste dont il se sentait investi, puis il en fit état publiquement l'année suivante. En s’exprimant de manière claire et sans équivoque, il affirma son engagement à mener à bien une mission d'une importance cruciale. En réalité, il fit

le serment solennel devant le Tout-Puissant de mener à bien la mission qui lui avait été assignée, affrontant avec courage tous les obstacles et défis susceptibles de freiner la propagation de ses idées révolutionnaires, empreintes de spiritualité.[vi]

 

Doté d'une volonté inébranlable pour franchir les obstacles rencontrés depuis sa tendre enfance, il se tourna vers le divin, sollicitant sa direction pour accomplir son destin, malgré les multiples contraintes et défis qui se dressaient devant lui. Il avoua ainsi :

Je jure solennellement par Toi, ô mon Créateur! Peu importe le nombre de faux apostats ou de traîtres hypocrites, peu importe la quantité de documents écrits ou de pierres gravées prétendant que ma Mission n'est pas authentique, je persisterai à avancer avec fierté et dignité. Je m'engage à défendre et à encourager ma mission jusqu'à ce qu'elle soit largement diffusée sur Terre et qu'elle s'étende également dans les cieux. Avec Ton soutien et grâce à Ta Force Divine, ô Dieu, nul être terrestre ne saurait me faire obstacle dans cette entreprise ! [vii]

 

C'est en ce lundi 23 mars 1942 que Docteur Dahesh annonça solennellement, à Beyrouth, le début de sa noble mission spirituelle : le Dahésisme.

La nouvelle doctrine suscita un vif intérêt parmi de nombreux intellectuels du Liban. Attirés par la lumière envoûtante des enseignements spirituels de Docteur Dahesh, Halim Dammousse, poète des mots et des idées, Dr Georges Khabsa, éminent spécialiste en dermatologie et professeur émérite à la Faculté de médecine de l'Université Saint-Joseph, Dr Farid Abou Sleiman, expert renommé en médecine légale, Marie Haddad, figure emblématique de la créativité en tant que présidente de l'Ordre des artistes libanais, artiste visionnaire et femme de lettres d’une plume enchanteresse, accompagnée de son époux Georges Haddad, prospère entrepreneur et consul honorifique de la Roumanie au Liban, ainsi que leurs descendants et d'autres personnalités éminentes de la pensée libanaise, se rallièrent tous aux enseignements de Docteur Dahesh.

Parmi les invités figuraient aussi Maître Edouard Noun, un ancien ministre, ainsi que Maître Dimitri El Hayek, alors en poste en tant que premier procureur général du district de Beyrouth. Après avoir vigoureusement rejeté les accusations portées contre Docteur Dahesh faute de preuves, Maître El Hayek se retrouva, de façon ironique, à devenir l'un de ses disciples les plus dévoués le 23 mai 1942.

La Mission Dahéshiste provoqua des troubles au sein de l'Église catholique en raison du grand nombre de ses adeptes issus de cette confession. L'engagement important de l'élite intellectuelle libanaise dans cette quête spirituelle révolutionnaire suscita des préoccupations particulières. Le clergé libanais avait déjà montré un vif intérêt pour le clergé palestinien, car il était largement reconnu que Dahesh avait des opinions défavorables envers l'institution religieuse, une réputation fondée sur des preuves solides.

Afin de réprimer ce nouveau mouvement de pensée spiritualiste, les membres du clergé jésuite commencèrent à ourdir des complots contre son fondateur. En utilisant l'appareil gouvernemental, ses institutions et certains médias, ce clergé entreprit de discréditer Docteur Dahesh et de le persécuter afin d'empêcher la diffusion et l'enracinement de ses idées au sein de la société libanaise.

Pour contrer la montée en puissance de ce courant spirituel émergent, les jésuites complotaient aussi secrètement contre le prophète à l'initiative de ce mouvement. En utilisant l'autorité coercitive de l'État, ses institutions et quelques rédacteurs engagés, ils lancèrent une campagne pour ternir la réputation de Docteur Dahesh et le persécuter, craignant que ses idées ne se propagent et ne s'enracinent davantage dans la société libanaise.

Alors que ce courant spirituel influençait les mentalités en abolissant les barrières entre les différentes croyances, il parvint à attirer une proportion importante de l'intelligentsia libanaise et arabe, les encourageant à se plonger dans l'exploration de la philosophie dahéshiste. En réalité, l'Église catholique s'employa à réprimer ce nouveau courant intellectuel incarné par le Dahésisme. Elle était contrainte de reconnaître sa cuisante défaite dans sa tentative de maintenir Docteur Dahesh à distance de ces personnalités influentes, en particulier des Haddad dont elle bénéficiait grandement.

À cet instant précis, le clergé lança une offensive contre Docteur Dahesh au sein des églises, ce qui poussa le gouvernement à envisager son expulsion du Liban. Avec une expertise digne d'un artisan d'art, Marie Haddad tissa les mots pour dévoiler un récit captivant et explorer en profondeur la personnalité fascinante de Docteur Dahesh dans l'une de ses œuvres littéraires. [viii]

Devant l'opposition persistante de la famille de Madame Marie Chiha Haddad, sœur de Michel Chiha et belle-sœur de Béchara El Khouri, à renoncer au Dahéshisme malgré les nombreuses tentatives de persuasion, l'Église se tourna vers d'autres membres de leur entourage. Parmi ces individus, Michel Chiha et son beau-frère Henri Pharaon, deux personnalités fanatiques, furent sollicités. En réalité, cette organisation religieuse encourageait vivement ces deux personnalités à utiliser tous les moyens possibles pour ramener leurs parents sous son empire.

Après avoir essuyé des revers, Michel Chiha et Henri Pharaon, ressentant une certaine déception, décidèrent, avec le soutien de l'Église, de lancer une offensive médiatique, notamment à travers les colonnes d'Al Bachir, le journal jésuite. Ils cherchaient à contraindre le gouvernement à interdire la pensée dahéshiste et à exiler Docteur Dahesh hors du Liban.

Lors de son interrogatoire mené par le commissaire Fadel Azouri, le directeur du journal jésuite Al Bachir reconnaît clairement les accusations portées contre lui. Albert Abella exposa de manière concise les raisons qui le poussaient à mener sa croisade contre les dahéshistes. Il avoua avoir engagé ce combat contre Docteur Dahesh et ses disciples intellectuels, notamment parce que les élites et les esprits éclairés du pays commençaient à le percevoir comme un guide spirituel.[ix]

Selon les affirmations du directeur du journal jésuite, l'Église catholique libanaise s'employait activement à contrecarrer la diffusion des idées de Docteur Dahesh, redoutant qu'elles ne portent atteinte à son autorité et ne compromettent ses sources de financement cruciales.

Marie Haddad exposa les raisons qui ranimèrent la haine des hommes de religion catholique et leurs supérieurs à l’ég­ard de Docteur Dahesh. [x] Au fil des pages d'une chronique historique captivante, la présidente de l'Ordre des artistes examina de manière approfondie les motivations qui avaient incité des personnalités éminentes de l'intelligentsia libanaise à se pencher sur les enseignements spirituels de Docteur Dahesh. Ce dernier, confirme-t-elle, ne ravit pas seulement au giron du Catholicisme notre famille et notre gendre, un catholique, mais aussi:

Docteur Georges Khabsa, Docteur Farid Abou Sleiman, Docteur Najib El Ashy et bien d’autres qui sucèrent avec le lait le dogme catholique et qui grandirent puis vieillirent, ne croyant qu’à ce que le clergé de Rome et leurs représentants en Orient leur inculquèrent. [xi]

 

En 1942, Madame Haddad s'investit dans l'étude de l'univers mystérieux du Dahéshisme, plongeant profondément dans la complexité des événements ayant mené à la persécution systématique de Docteur Dahesh par l'Église et les autorités gouvernementales, mettant ainsi en lumière leurs sombres conspirations :

L’Église catholique, ou bien ceux-là qui dirigent l’Église d’entre les pères ‘spirituels’ ainsi qu’ils se nomment eux-mêmes, profitait abondamment et largement de l’argent de notre famille. Or, en rejetant le Catholicisme qui enchaînait nos cous, en nous dépouillant de son joug et en adoptant la Religion Dahéshiste, nous cessâmes de donner de l’argent au clergé catholique, comme par le passé. [xii]

 

Malgré les multiples efforts déployés par le clergé catholique pour persuader les Haddad et d'autres personnalités de se désolidariser de Docteur Dahesh et de ses enseignements, ses tentatives se révélèrent vaines, tant s’en faut. Ses efforts renforcèrent en effet la foi des disciples et contribuèrent à consolider leurs liens d'amitié avec leur guide spirituel. Le clergé et les proches de la famille Haddad entreprirent alors une démarche diplomatique particulière auprès du gouvernement du président libanais Alfred Naccache. Leur objectif était de contrer l'influence de Docteur Dahesh au Liban, en soutenant que ses idées compromettaient l'équilibre préétabli.

 Par suite de l'examen des recommandations éclairées émises par le chef de la police Ezzeddine El Omari, le président Naccache rejeta catégoriquement leur requête. Lors de son allocution adressée à son Excellence le président Naccache, M. El Omari mit en lumière une découverte remarquable :

D'un point de vue juridique, il est inconcevable de considérer la possibilité d'extrader Docteur Dahesh du Liban en raison de sa nationalité libanaise. Par ailleurs, d'un point de vue juridique, je n'ai relevé aucun élément significatif justifiant le déclenchement d'une action en justice. En ce qui concerne la confiance des individus en lui, cela ne relève pas de notre domaine de compétence. L'interdiction de cette conviction s'avère complexe, ses partisans provenant de l’élite intellectuelle du pays, incluant des écrivains, des poètes, des avocats, des juristes, des médecins, des hommes d’affaires ainsi que des personnalités éminentes.[xiii]

Ce rapport engendra une profonde consternation au sein de l'Église catholique et provoqua une grande tristesse, notamment, parmi les proches des Haddad. Ces révélations affectèrent particulièrement des personnalités influentes, qui participèrent fortement à l'établissement du confessionnalisme politique au Liban et en bénéficièrent largement, tels Henri Pharaon, son beau-frère Michel Chiha et la sœur de ce dernier, Laure Chiha, l'épouse de Béchara El Khouri.

Lors d'un moment historique significatif le 21 septembre 1943, Béchara El Khouri, farouche opposant de Docteur Dahesh et allié du clergé, fut élu président de la République libanaise. À peine trois semaines après son accession au pouvoir, il commença à contrarier le fondateur du Dahéshisme ainsi que ses disciples. De prime abord, il lança une campagne médiatique diffamatoire à l'encontre de cet intellectuel libanais, préparant ainsi le terrain pour que le public accepte les manœuvres illégales habilement orchestrées contre lui. Par la suite, il ourdit en coulisses des complots contre Docteur Dahesh, comme en témoignent des dossiers gouvernementaux classés secrets, remis en main propre à ce dernier le 14 décembre 1943. [xiv]

Dès que le chef de l'État lança ses initiatives, sa belle-sœur, Madame Marie Chiha Haddad, lui envoya rapidement une lettre cinglante dénonçant ses actions illégales ainsi que sa ferme volonté d’impliquer Docteur Dahesh à tout prix.

La présidente de l'Ordre des artistes lui rappela discrètement que la constitution libanaise garantit avec vigilance la liberté de culte, de pensée et d'expression. Elle l'incita en conséquence à cesser ses activités illégales, à abandonner les enquêtes douteuses et à favoriser le recours à la justice pour régler les différends, plutôt que de se livrer à des manœuvres clandestines. En parfaite conformité avec la Constitution libanaise, qui garantit la protection des libertés individuelles, Docteur Dahesh n'avait enfreint aucune disposition légale.[xv]

 Cependant, Béchara El Khouri et son équipe, appuyés par des personnalités ecclésiastiques et des individus aux idées extrêmes, continuaient leurs actions avec une détermination inébranlable. Leur but demeurait explicite : ils cherchaient par tous les moyens à faire taire Docteur Dahesh et à le contraindre à quitter le Liban, afin de freiner la propagation rapide de ses idées spirituelles au sein des milieux intellectuels éminents.

Néanmoins, en dépit de leurs multiples efforts, les investigations discrètes lancées par le président en exercice ne firent que confirmer l'influence de Docteur Dahesh. En réalité, ce dernier n’évita pas seulement toute action répréhensible, mais il adopta également un comportement exemplaire. Il semblait être un fervent défenseur de la constitution, appliquant strictement ses principes.

Une nouvelle fois, ses opposants furent vaincus de façon éclatante, ce qui exacerba leur frustration et les incita à recourir à des tactiques déloyales. En effet, avec la participation de son épouse Laure Chiha, de son frère Michel Chiha, de leur beau-frère Henri Pharaon, de Habib Abou Chahla, son ministre de la Justice, ainsi que de quelques extrémistes politiques, Béchara El Khouri organisait en secret, le matin du 28 août 1944, l'envoi de huit bandits pour éliminer Docteur Dahesh dans sa résidence. Cependant, leur entreprise malveillante aboutit à un échec retentissant.

Lorsque Docteur Dahesh sollicita l'intervention des autorités pour le secourir, il fut grandement surpris de découvrir le sombre complot ourdi par les instances dirigeantes. En réalité, tout comme toutes les autorités judiciaires contemporaines, c’étaient les forces de l'ordre, intervenant pour mettre fin à ces agissements, qui combinaient cette manigance en secret.

Docteur Dahesh, dans son récit intitulé Une vision effrayante se réalise, avait déjà décrit avec une intensité palpable cet événement perturbant quelques semaines avant son arrivée et avant son arrestation cavalière par les autorités le 10 juillet 1944.  De fait, c’est sous la supervision bienveillante et le soutien du commissaire de police Mohamed Ali Fayade que les criminels n'avaient pas hésité à attaquer leur cible, défiant ainsi l'autorité des forces de l'ordre qui surveillaient la scène avec une grande vigilance, avoue-t-il.

Les manigances malveillantes ayant provoqué ce drame furent méticuleusement exposées dans un ouvrage que la victime innocente consacra entièrement à cet événement tragique. Un Innocent Emprisonné, ou les Mémoires du Captif de la perfidie et de la ruse, met en relief tous les incidents de cette affaire, considérée comme l’affaire du siècle.

Force est de constater qu’après l'analyse des documents judiciaires concernant l'Affaire Dahesh, le président de la République, Béchara El Khouri, avait agi de façon secrète et en violation de la loi en vigueur en privant injustement Docteur Dahesh de sa citoyenneté libanaise dès son arrestation, organisant ainsi son expulsion du territoire. De fait, il procéda à l'exiler du Liban sans passer par un jugement ni demander l'avis du Parlement, en promulguant simplement deux décrets présidentiels qui violaient clairement la constitution libanaise, laquelle assure la liberté de culte sans aucune restriction. [xvi]

Deux jours après l'arrestation arbitraire de Docteur Dahesh, le 30 août 1944, Marie Haddad entreprit de rédiger une lettre empreinte de passion à l'intention de sa sœur, l'épouse du président libanais Béchara El Khouri. Elle la pria instamment de dissiper ce malentendu et d'abandonner leur dessein néfaste de persécuter un homme innocent. Madame Haddad, restant attachée aux principes de sa famille dans la tradition dahéshiste, tenait à souligner que son soutien ne devait en aucun cas être perçu comme une désapprobation envers Docteur Dahesh. Elle formulait des critiques acerbes envers l'autorité de ses parents, tout en ressentant une certaine compassion à leur égard.

Je tiens à exprimer avec vigueur mon indignation face à l'injustice tyrannique que vous perpétrâtes, sous le regard de Dieu et de l'ensemble de l'humanité. Après vingt années de lutte acharnée pour accéder à la présidence, elle se présente enfin à vous tel un précieux aboutissement. Vous avez finalement atteint votre objectif ; cependant, il s'est avéré être une victoire à la saveur amère, plongeant votre existence dans les abysses les plus sombres. Si vous n’arriviez point à cette position ! Car elle vous impose de nombreuses responsabilités qu’il vous sera impossible d’assumer avec honneur. Vous avez ainsi pris la décision de vous couvrir d'une infamie perpétuelle, et j'aurais volontiers sacrifié ma vie à maintes reprises pour vous dissuader de commettre cet acte odieux!

 

Elle termine sa lettre avec une telle intensité que l'on pouvait sentir une menace implicite planer dans l'air, exigeant que Docteur Dahesh, injustement dépouillé de ses droits, doive recouvrer sa liberté bafouée avant qu'il ne soit trop tard. Restituez à Docteur Dahesh la liberté qui lui a été indûment retirée, insista-t-elle.[xvii]

Les autorités libanaises persistèrent dans leur comportement impitoyable en infligeant davantage de souffrances à un détenu qui ne demandait rien d'autre que l'abandon de toutes les accusations portées contre lui. Le 9 septembre 1944, Béchara El Khouri prit la décision autoritaire et présomptueuse d'exiler Docteur Dahesh en Syrie, en collaboration avec le préfet d'Alep en Syrie, avec le clergé chrétien libanais et  avec le soutien inattendu du clergé musulman, ainsi que des personnalités politiques libanaises, après lui avoir retiré sa citoyenneté libanaise de manière subreptice et illégale.

Plutôt que de se soumettre à la pression implacable de la persécution, Docteur Dahesh fit preuve d'une patience inébranlable et d'une persévérance résolue, s'engageant ainsi dans une lutte acharnée et légitime contre ses oppresseurs. Dès son retour clandestin d'exil, le 9 octobre 1944, il décida d’utiliser la plume pour s'opposer à ses oppresseurs, bravant une époque où les journalistes et les écrivains étaient soit réduits au silence, soit soumis à l'influence du pouvoir en vigueur, qu'il soit politique ou religieux. Depuis le sein de sa résidence, en observant le palais présidentiel, Docteur Dahesh menait une lutte acharnée contre ceux qui cherchaient à le soumettre. Il formulait des critiques acerbes et novatrices à l'égard de la presse libanaise, lui reprochant d'avoir manqué à son devoir en s'alliant au régime autoritaire. Une critique virulente s’élevait à l'encontre des journalistes, ainsi qu'à l'égard des dirigeants et des responsables libanais, qui étaient accusés d'avoir sérieusement failli à leurs obligations.

Il est regrettable que Docteur Dahesh, en tant que personne opprimée, ait vainement cherché à trouver un protecteur parmi les représentants du pouvoir, qu'il s'agisse de députés, de ministres, de juges ou d'avocats. La presse suivait une trajectoire similaire. Afin de gagner la faveur de Béchara El Khouri et de défendre leurs intérêts financiers, les journalistes décidèrent de mener une campagne agressive contre Docteur Dahesh. Ils créèrent des histoires imaginaires qu'ils lui attribuèrent immédiatement sans la moindre hésitation. Docteur Dahesh avoue à cet égard :

J’affirme, avec un grand regret, qu’aucun député ni ministre ni juge ni avocat ne plaidèrent en faveur de Dahesh l’opprimé. Il en était de même de la presse. Pour plaire à Béchara El Khouri et pour attirer sa bienveillance afin de satisfaire à leurs intérêts pécuniers, les journalistes se mirent à attaquer sévèrement Docteur Dahesh, inventant des histoires dénuées de vérité, qu’ils lui imputaient sans vergogne.[xviii]

 

Bénéficiant du soutien indéfectible de ses partisans dévoués, qui firent preuve de bravoure face aux persécutions, aux emprisonnements et aux souffrances, Docteur Dahesh s'impliqua pleinement dans un combat acharné contre le chef d'État qui l'exila et lui retira sa citoyenneté.

Dès son retour clandestin d’Alep à Beyrouth, il se mit à dénoncer vigoureusement l'odieux acte perpétré à son encontre par les représentants de l'État, agissant sous l'autorité de leur chef et de ses acolytes. [xix]  N'étant pas en mesure de répondre à ses oppresseurs par le biais des médias, il décida d'opter pour une stratégie audacieuse : la rédaction d'une vaste et impressionnante collection de textes incisifs, d’écrits critiques. Soixante-six « livres noirs » et cent soixante-cinq pamphlets furent ainsi diffusés parmi la population libanaise et au-delà, parvenant même aux confins des territoires arabes.

Ces écrits exposaient les raisons de sa souffrance, mettant en lumière la campagne menée par le chef de l'État, l'Église catholique et leurs partisans à son encontre. Ils dévoilèrent pleinement les intrigues politiques, financières et morales des hommes politiques ainsi que de certains membres du clergé. [xx]

Dans son examen approfondi de la corruption politique sévissant alors au Liban, le prestigieux journal français Le Monde qualifia le président libanais, Béchara El Khouri, de « seigneur du Liban », mettant en lumière son avidité insatiable pour les ressources nationales. De plus, cet entrepreneur avide de richesses s'adonnait, en collaboration avec son frère, à un trafic illégal de stupéfiants, une pratique que les citoyens du Liban ne pouvaient ignorer.

Ces documents compromettants secouèrent le pouvoir de Béchara El Khouri en révélant notamment ses pratiques scandaleuses et ses ambitions démesurées, le rendant ainsi vulnérable aux yeux de la population. Le peuple, dans un grand tumulte, déposa avec dédain le « roi de son trône » le 18 septembre 1952. Les paroles de Docteur Dahesh résonnent comme une mélodie envoûtante :

Les Libanais, fatigués des manigances récurrentes de Béchara El Khouri et de sa famille, optèrent en définitive de mettre un terme à cette situation. De manière unanime, ils manifestèrent leur opposition totale envers le président. Ils livrèrent contre lui un combat acharné, réduisant en cendres son trône, écrasant son autorité, pulvérisant son pouvoir et anéantissant son royaume. [xxi]

 

Le fondateur du Dahéshisme mit en lumière le destin tragique d'un despote présidentiel déchu en ces termes :

Le peuple le destitua sans pitié de sa position élevée ! Par la suite, il fut contraint à l'exil, condamné à errer sans but, de manière incessante. Au-delà de ces considérations, Béchara El Khouri fut durement frappé par la maladie. La population libanaise était pleinement consciente qu'en perpétrant cet acte cruel et injuste à l'encontre de Docteur Dahesh, ce dernier avait suscité une puissance spirituelle, le plongeant irrémédiablement dans la folie. Enveloppé par la tourmente de ses propres réflexions, il s'engouffra de manière irréfléchie dans une forme de démence des plus profondes, abandonnant ainsi toute rationalité. [xxii]

 

Après la déchéance publique du président Béchara El Khouri, la persécution des partisans de Dahesh connut temporairement une pause significative.  D’un autre côté, dès la prise de fonction par le nouveau président Camille Chamoun, les disciples de Dahesh le pressèrent de restituer leur guide dans ses droits. Ainsi, à la suite d'une analyse approfondie des complexités du dossier de Docteur Dahesh, le juge Dr Antoine Baroud mit en lumière la nature illégale des décisions adoptées par l'ancien président Béchara El Khouri. Par suite des observations pertinentes formulées par ce juge, le Conseil des ministres décida, le 6 février 1953, d'annuler ses résolutions antérieures et de rétablir pleinement les droits de citoyenneté libanaise de Docteur Dahesh.

Le 24 mars 1953 restera gravé dans les mémoires comme le jour où le président Camille Chamoun prit l'audacieuse décision de lever les restrictions instaurées illégalement par le décret présidentiel de son prédécesseur, restituant ainsi à Docteur Dahesh ses droits. Lors de cette victoire éclatante sur le champ de bataille où l'oppression et l'injustice s'affrontaient, Docteur Dahesh poussa un cri de triomphe :

En réaction à l'attaque sournoise portée à ma liberté sacrée, je pris l'initiative de me transformer en un lion intrépide, fonçant tel un éclair sur le despote tyrannique pour le terrasser avec une puissance fulgurante.[xxiii]

 

Après la destitution de Béchara El Khouri, Docteur Dahesh décida de cesser ses critiques envers l'ancien président et toutes les institutions étatiques. Toutefois, d'après les affirmations de l'avocat Me Khalil Zaatar, le crime du siècle s'avéra être l'événement criminel le plus marquant du 20 siècle. Il s'agissait d'un acte odieux commis sans aucune compassion envers un individu innocent par des dirigeants libanais aux convictions politiques et religieuses variées. Cette mémoire restera effectivement gravée perpétuellement dans l'esprit de Docteur Dahesh, laissant une marque indélébile sur son travail jusqu'à la fin de sa vie :

Les sombres souvenirs de cette journée maudite sont venus assaillir mon esprit. Je saisis ma plume, prêt à écrire ces mots qui marqueront profondément l'histoire des Dahéshistes, soulignant la cruauté extrême de l'injustice et l'oppression sans égal dont j'ai été victime.[xxiv]

 

Soudain, son esprit s’évada vers les conséquences néfastes que ce crime d'une grande envergure engendrerait :

Les conséquences de cette action répréhensible pourraient s'avérer désastreuses. N'est-il pas possible, en scrutant les écrits sacrés de l'Ancien Testament, au sein des dix préceptes du Très-Haut, de discerner cette assertion saisissante : "Moi, Jéhovah, ton Seigneur, je suis Celui qui fait peser les répercussions des fautes des pères sur leur descendance jusqu'à la troisième et quatrième génération envers ceux qui s'éloignent de Moi » ? [xxv]

Docteur Dahesh met en lumière une fois de plus l'importance de cette déclaration, en réalisant une analyse approfondie du délit commis à son encontre par l'État libanais, en collaboration avec le clergé et sous la supervision des dirigeants libanais de toutes confessions, qu'elles soient politiques ou religieuses. Cela met en évidence un aspect essentiel :

Les dirigeants politiques du Liban commirent une erreur monumentale qui restera gravée dans l'histoire comme un témoignage sombre et indélébile, par suite d’un moment d'égarement. Leur responsabilité fut exposée sans détour, car l'Histoire ne fait preuve d'aucune indulgence. Cette action, perçue comme un affront flagrant, nuira à la réputation du Liban, ainsi qu'à celle de ses journalistes et de ses dirigeants. Aucun des individus ne jugea bon de s'acquitter de sa responsabilité ! En effet, ils se démarquèrent particulièrement par leur absence flagrante aux côtés de la justice, sans la moindre hésitation ! Ils décochèrent leurs flèches empoisonnées, créant ainsi un piège mortel pour défendre leurs intérêts et assouvir leurs desseins les plus malveillants ! [xxvi]

 

L'acte courageux et solitaire de l'écrivain français Émile Zola en faveur de Dreyfus se révèle en l’occurrence comme une plaidoirie mémorable et intemporelle, captivante à observer, admet avec fierté Docteur Dahesh. Profondément préoccupé par le comportement inacceptable des journalistes et des intellectuels libanais, il met en lumière leur implication dans la persécution d'un individu en raison de ses convictions. Après avoir exprimé son admiration pour le courage de l'écrivain français, il s’exclame :

Au Liban, aucun écrivain engagé, aucun pionnier de l'information n'eut le courage de s’élever pour défendre la voix d'un opprimé, d'un martyr. Les douloureux souvenirs conserveront avec une profonde tristesse le déclin qui frappa le Liban, provoquant une révolte dévastatrice qui ravagea ses villes et ses villages, les réduisant en cendres. En effet, le Liban sombra progressivement dans une profonde détresse, laissant derrière lui un épais nuage de poussière. Quelle horrible tragédie ! [xxvii]

 

Après sa victoire, Docteur Dahesh décida de demeurer discret, sachant que le clergé, affecté par une amertume tenace due à ses échecs répétés, était attentif à la moindre erreur afin de le discréditer et de le persécuter. Avec l'approbation des autorités compétentes, les membres du clergé firent cependant preuve d'une grande créativité pour restreindre la propagation du Dahéshisme parmi la population. Par exemple, dans les années 1970, tandis que les autorités politiques et religieuses décidaient de ne pas tenir compte des réunions et des discussions organisées par des groupes athées, elles mettaient tout en œuvre pour empêcher la tenue d'une conférence sur le Dahéshisme, une initiative pourtant demandée par la population.

Ainsi, Docteur Dahesh condamne fermement, dans le douzième volume des Voyages dahéshistes autour du monde, l'injustice flagrante entretenue par les autorités gouvernementales et religieuses. Il expose le complot ourdi par des personnalités influentes au sein des sphères du pouvoir et de l'autorité religieuse catholique afin de saboter la réalisation de cette conférence redoutée.

Ces éminentes personnalités ecclésiastiques et politiques s’associèrent avec détermination pour s'opposer au Dr Ghazi Brax dans son projet de donner une conférence sur le Dahéshisme à la faculté de Droit de l'Université libanaise en 1971. Lorsque le Dr Boutros Dib progressait dans sa carrière pour devenir directeur général du ministère de la Justice libanais en 1977, Docteur Dahesh se souvint d'un événement marquant quand le Dr Dib était secrétaire de la présidence sous Suleyman Frangié. Pendant qu’il exerçait ses fonctions, ce haut fonctionnaire avait alors démontré une détermination inébranlable pour empêcher la tenue de la conférence du Dr Brax.

Docteur Dahesh dénonça la tyrannie et l'extrémisme de cette figure, en utilisant des termes révélateurs de l'hostilité et du mépris des autorités envers la liberté de pensée, notamment celle associée au Dahéshisme. Il formula alors des critiques virulentes à l'encontre de ce candidat postulant à un poste sensible au sein du ministère de la Justice.

(Boutros Dib) avait déjà entamé le processus de dévalorisation de cette institution judiciaire en la sapant de façon systématique, compromettant ainsi ses bases. C'est à cet instant précis que le docteur Ghazi Brax s'apprêtait à prononcer son discours, le 21 mai 1971, lors d'une conférence organisée à la tribune de la faculté de droit à la demande de l'Association des étudiants de l'université libanaise. Le sujet de sa présentation concernait la doctrine dahéshiste, abordée de façon provocante sous le titre audacieux de "Le Dahéshisme, une vérité spirituelle soutenue par des miracles".[xxviii]

 

Docteur Dahesh met en lumière la forte opposition du clergé et de l'État à la tenue de cette conférence sur le Dahéshisme, soulignant leur forte insistance pour l’annuler :

Pris d'une profonde appréhension, le patriarche El Ma'ouchi décida de contacter le palais présidentiel afin de demander l'annulation de ladite conférence. Les consignes furent communiquées à Boutros, cet individu ambitieux d’occuper le poste de ministre de la Justice. Sans la moindre hésitation, Boutros prit son téléphone et appela le distingué Dr Edmond Ne’im, éminent doyen de la faculté de droit, afin de solliciter l'annulation immédiate de cette conférence portant sur des concepts controversés.[xxix]

 

Néanmoins, le Dr Edmond Ne’im, le doyen de la faculté de droit et président de l'Université libanaise, rejeta de façon catégorique les demandes pressantes du secrétaire de la présidence de la République, Boutros Dib, en écartant ses arguments avec dédain :

Quelle empreinte laisserai-je dans l'Histoire si je décide consciemment de retirer de mon emploi du temps cette conférence tant espérée par la population libanaise, assoiffée de savoir et de moments de partage ? [xxx]

 

Surpris par la requête formulée par le secrétaire du palais présidentiel, M. Edmond Ne’im, en tant que juriste et recteur de l'Université libanaise, poursuivit, en s'exprimant de manière directe envers le secrétaire de la présidence :

Souhaites-tu que j'éteigne cette lumière, empêchant ainsi l'accès à cette conférence tant attendue à laquelle nous désirons tous impatiemment assister pour écouter les propos du Dr Ghazi Brax sur une nouvelle doctrine adoptée par les intellectuels du Liban, ses écrivains, ses poètes, ses médecins, ses avocats et ses commerçants, tous membres d'une élite parmi les notables du pays ?[xxxi]

 

Dr Edmond Ne’im exprima ses propos avec une précision incisive, tel un tir de projectiles, en s'opposant au secrétaire de la présidence sans faire preuve du moindre tact, ajoutant en blâmant le secrétaire du président libanais Slayman Frangié :

En cet endroit privilégié, même le dirigeant le plus autoritaire ne pourrait étouffer la voix puissante et imposante de ses concitoyens, car ici, la liberté de pensée s'élève avec grandeur, défiant toute tentative de soumission. Si je cède à ta demande, je serai couvert du voile sombre de la honte, contraint de porter le lourd fardeau du déshonneur. De plus, les individus qui t’ont chargé de cette tâche, que tu as d'ailleurs acceptée dans le dessein de me transmettre le message, verront leur réputation entachée et leur nom associé à l'ignominie. [xxxii]

 

Docteur Dahesh pointa du doigt l'attitude fanatique du secrétaire présidentiel, le réprimandant avec une amertume cinglante :

Boutros demeurait impassible face aux propos empreints de sincérité du professeur Edmond Ne’im, les recevant tel un orage sans fléchir, répétant sa demande non pas une, ni deux, mais bien quatre fois de suite ! Cependant, il se voyait invariablement confronté à des échecs notables face à la résistance tenace du vénérable doyen, président intègre de l'université libanaise. [xxxiii]

 

Le secrétaire de la présidence appuya vivement la proposition d'annuler la conférence du Dr Brax portant sur l'enseignement dahéshiste et insista fort pour arriver à son but. Docteur Dahesh met en lumière son attitude, soulignant son insistance :

Ainsi, ce loup de Boutros Dib peut-il nier ce que nous venons de mentionner, notamment ses quatre appels pour interdire la conférence ? Certainement pas ! Et non seulement il ne peut pas le nier, mais aussi il déguerpira d’épouvante, alors que l’Histoire le saisit, l’emprisonnant tel un coupable ! Où pourra-t-il donc fuir ? Il fut effectivement conduit dans la cage d’accusation afin que tout le monde le voie, que des millions lisent le récit de son ignoble acte. En vérité, il récoltera ce qu’il sema ![xxxiv]

Malgré tout, le docteur Brax livra sa conférence comme il le fallait, et Docteur Dahesh en fit éloquemment l’éloge dans ces lignes :

Le docteur Ghazi Brax donna une précieuse conférence depuis la prestigieuse tribune de la faculté de droit libanaise. La salle était remplie d'une foule d'auditeurs, avec un nombre de personnes debout nettement supérieur à celui des privilégiés assis. En revanche, les représentants officiels du patriarcat et du couvent des jésuites, missionnés pour perturber le conférencier dans ses réflexions, essuyèrent un échec retentissant ! [xxxv]

 

Bien loin de se laisser déstabiliser par les tentatives de sabotage de ses détracteurs, le conférencier dahéshiste remporta une victoire éclatante, surpassant ainsi toutes les attentes placées en lui. En réalité, Dr Brax se démarqua brillamment dans l'art de la persuasion. Grâce à la force incontestable de ses arguments, il fit

taire leurs hordes envoyées exprès pour l’embrouiller, et elles perdirent dans la honte fort ignoble. Tellement leur colère et leur exaspération étaient extrêmes en raison du succès de cette précieuse conférence dahéshiste, elles eurent les visages plombés d’un reflet livide, et leurs physionomies se décolorèrent puis recolorèrent à la manière du caméléon. [xxxvi]

 

Les forces envoyées pour semer le désordre furent finalement réduites au silence, subissant une défaite à la fois humiliante et inattendue. Le succès éclatant de cette conférence provocatrice les plongea dans une colère et une exaspération d'une intensité telle que leurs visages se figèrent soudain dans une pâleur cadavérique, avant de se métamorphoser tel un caméléon aux nuances changeantes.

En adoptant un point de vue différent, Docteur Dahesh exprima clairement toute sa mélancolie face à l'injustice encore perpétrée par les dirigeants libanais dans les années 70, contribuant ainsi à l'aggravation des injustices subies par les adeptes du Dahéshisme. Et, en l’occurrence, il rappelle avec une grande émotion les conséquences désastreuses des mesures autoritaires prises par le président antérieur Béchara El Khouri dans les années 40.

Néanmoins, l’incident regrettable, voire fort regrettable, résidait dans la participation effective des autorités à cet odieux crime, crime de l’envoi de plusieurs détectives qui interdirent la prise des photos pour cette conférence historique de crainte qu’elles ne soient imprimées dans les journaux ; tel était en réalité le désir de la patriarchie et du monastère des jésuites, mais aussi le désir des hommes au pouvoir durant la présidence de Sleiman Frangié.  [xxxvii]

Docteur Dahesh rappelle, en mettant en lumière la résistance farouche des dahéshistes face à leur persécution systématique durant le règne du criminel Béchara El Khouri, une période désastreuse pour le Dahéshisme. Ce tyran fut confronté à des répliques acerbes de la part de ses disciples. Il mit en avant de manière solennelle la publication d'une variété d'écrits sombres dévoilant de façon frappante les détails infâmes de ses méfaits, de ses vols, de ses turpitudes et de ses actes répréhensibles.[xxxviii] Il le rappelle pour déplorer la continuité du régime actuellement en place, assujetti encore à l'influence du clergé, à réprimer le Dahéshisme sans tenir compte des leçons tirées des échecs rencontrés par le président Béchara El Khouri, dont

l’éviction humiliante par le peuple le mena à une chute dans une ignominie profonde, ternissant ainsi son honneur et le plongeant dans un déshonneur perpétuel. Particulièrement marquée par son éviction du pouvoir dans une atmosphère d'humiliation et de honte, infligée par le peuple qui l'avait vu sombrer dans les abîmes les plus vils, des abîmes qui avaient entaché son honneur, le précipitant dans la boue de l'infamie éternelle.[xxxix]

 

Confronté à la situation préoccupante du Moyen-Orient, où les idées ont du mal à s'épanouir en toute liberté, Docteur Dahesh exprime son désarroi, déclarant à cet égard :

Ces persécutions récurrentes soulignent la difficulté constante de l'Orient à se défaire des contraintes de l'oppression et à dépasser la honte qui le tourmente. Convaincu que l'Orient ne justifiait pas la présence de ceux en quête de liberté, le Dahéshisme décida de quitter ses contrées pour se tourner vers les terres de l'émancipation, à savoir l'immense Amérique. [xl]

 

Les Dahéshistes s'investissaient avec résolution dans la diffusion, malgré les difficultés rencontrées, des précieux enseignements de Docteur Dahesh auprès d'un vaste public avide de savoir. Ils étaient alors obligés de contourner les canaux officiels d'information, qui leur étaient soigneusement inaccessibles, en se référant à des articles de presse et à des conférences.

Le fondateur du Dahéshisme continua à promouvoir sa philosophie spirituelle auprès d'un public en expansion constante, comprenant un nombre croissant de fidèles. Il est évident que la poursuite des partisans du Dahéshisme, bien que moins intense, a pris une nouvelle tournure, à la fois dans sa forme et dans son ambiance. Les médias observaient avec attention le Dahéshisme ainsi que l'œuvre littéraire renommée de Docteur Dahesh, manifestant une curiosité à la fois fascinante et réservée, comme s'ils étaient contraints d'évoluer autour de ces sujets sans jamais les aborder directement dans leurs discours. À titre d’exemple, malgré sa réputation de précurseur du romantisme arabe et son importante contribution littéraire comprenant plus d'une centaine d'ouvrages, ses écrits furent délibérément exclus des programmes et des anthologies littéraires arabes au Liban.

Toutefois, selon la vision de Docteur Dahesh, le Dahéshisme, tel un écho céleste parmi d'autres, saura affronter avec courage les épreuves qui se dresseront sur son chemin et avancera avec une détermination inébranlable, à l'instar des paroles divines qui le précédèrent. Il est encouragé à suivre sa propre voie sur terre, un chemin tracé par le doigt du Destin. Malgré les difficultés et les troubles rencontrés, la philosophie dahéshiste persistera à éclairer l'humanité, tel un astre brillant surgissant des ténèbres.

La philosophie de Dahesh, tel un joyau précieux transmis de génération en génération, nous encourage à revisiter les bases de la spiritualité. Elle encourage à adopter un mode de vie enrichi par ces connaissances célestes afin d'atteindre le bonheur et de retrouver la voie menant à l'harmonie avec le divin.

En outre, la doctrine dahéshiste s'aventure courageusement dans les méandres de la clarté en examinant des concepts métaphysiques essentiels, souvent négligés par les doctrines spirituelles antérieures. Elle se lance dans une analyse approfondie des questions éternelles, en abordant des thèmes tels que la justice divine, la mortalité, les délices du paradis, les tourments de l'enfer, les châtiments, les récompenses, ainsi que la réincarnation de l’âme à travers divers univers.

Dans un monde saturé par la quête des biens matériels et assombri par le scepticisme, l'enseignement de Docteur Dahesh s'emploie notamment à rétablir la légitimité des anciennes quêtes spirituelles. Il soutient avec assurance l'existence d'un Être Suprême à l'origine de tous les univers.

En dépit de tous les obstacles, Docteur Dahesh s'engage avec détermination à poursuivre son combat, à diffuser sa mission éminente jusqu'à ce qu'elle prenne racine profondément dans la Terre et s'élève vers les cieux. Il adresse inlassablement ses prières au Créateur de l'univers terrestre et céleste, jurant de continuer sa lutte malgré tous les obstacles, de persévérer à prêcher et à diffuser sa mission jusqu’à ce qu’elle envahisse la Terre et se propage aussi dans le Ciel.[xli]

Devant l'insouciance persistante au Moyen-Orient, où l'ignorance, l'intolérance et l'obscurantisme sont favorisés par un clergé avide de pouvoir et des souverains injustes, Docteur Dahesh, profondément affecté par cette situation, décida de s'exiler volontairement aux États-Unis d'Amérique.

Ainsi, animé par le désir de fuir l'horreur de la guerre confessionnelle qui ravageait le Liban depuis presque vingt ans, il prit finalement la décision, en 1976, de quitter le Liban pour les États-Unis d'Amérique, considérant ce pays comme un environnement favorable pour poursuivre sa quête. Il est revenu au Liban en 1978 pour faire imprimer une multitude de ses ouvrages.

Cependant, le 1er septembre 1980 marque le moment où il prit la décision de quitter définitivement le Liban. C'est à ce moment-là qu'il entreprit un voyage à travers l'Europe avant de finalement s'installer aux États-Unis, où il décida de résider jusqu'à la fin de sa vie.

Le 9 avril 1984, l'auteur du Repos de la mort est décédé, laissant un précieux héritage culturel d'une grande valeur. C'est à New York que se trouve fièrement érigé le siège imposant de la prestigieuse maison d'édition dahéshiste. Depuis 1986, The Daheshist Publishing Company Ltd s'engage activement dans la diffusion des écrits de Docteur Dahesh à l'échelle internationale, agissant en tant que porteur des paroles éclairées.

D’un autre côté, Dahesh Heritage est un endroit où les paroles de Docteur Dahesh prennent vie à travers des écrits qui résonnent encore aujourd'hui, telles des paroles intemporelles. En plus d'exposer les ouvrages de l'éminent écrivain, cette librairie propose également Dahesh Voice, une revue bilingue qui éclaire les esprits depuis sa fondation en 1995. Au cours de cette même année, un musée d'une singularité exceptionnelle fut inauguré à New York : The Dahesh Museum expose la précieuse et remarquable collection de Docteur Dahesh. En plus de ces trésors, cet établissement abrite une collection exceptionnelle de livres, constituant ainsi la bibliothèque privée de Dahesh.

Depuis sa tendre enfance, Salim El Ashy, futur Docteur Dahesh, ressentait toujours en lui un appel profond : celui de restaurer la pureté divine de l'humanité et de la ramener à sa source céleste. Docteur Dahesh s'investissait pleinement dans l'établissement des bases de sa mission et la diffusion de son message spirituel, malgré les nombreux obstacles, les persécutions organisées et les intrigues ourdies par les autorités religieuses et politiques. Ce messager divin entreprit un périple en direction d'un lieu de quiétude. Malgré les défis persistants dans l'exploration d'une compréhension approfondie de l'éducation contemporaine, de nouveaux lieux de savoir émergent, tels que des musées, des maisons d'édition, des revues spécialisées et d'importantes bibliothèques académiques. Ils s'engagent à la fois à enrichir l'humanité et à libérer l'être humain de l'emprise matérielle, lui offrant ainsi la possibilité de retrouver sa gloire originelle, perdue depuis la Chute primordiale et universelle.

Il est donc incontestable que le Dahéshisme, tel que prédit par Docteur Dahesh, évoluera vers une croyance universelle, voire cosmique, défiant ainsi les persécutions et les intrigues ourdies par des forces malveillantes.

 Adel Younes

 

Laval, le mardi 25 décembre 2012, à 18 h 30


 



[i] - Son père vient d'Esfes et sa mère d’Azech (Idil), deux villages, actuellement, situés au pied du Tur Abdin, Montagne des serviteurs de Dieu, dans la province de Sirnak , en Turquie.

[ii] - Les Mots du Docteur Dahesh, Annar Wannour, Beyrouth, 2e édition, 1983, p. 149. Sauf indication contraire, toutes les citations de l’œuvre de Docteur Dahesh sont traduites par Adel Younes.

[iii] - Ibidem

[iv] - Ibidem

[v]  - "Préface", Le Repos de la Mort, p. 8.

[vi] - Les Mots du Docteur Dahesh, p. 149.

[vii] - Mon Accueil de l'année 1937, Souvenirs in Les Jardins, pp. 57-58.

[viii] - Marie Hadad, Les Miracles de Docteur Dahesh et ses actes spirituels, Beyrouth, Annar Wannour, 1983, pp. 36-53.

[ix] - Rapport confidentiel No : 7/303, à la suite de l'enquête exécutée par le commissaire Fadel Azouri, le 3-12-1942, envoyé au Premier Procureur général. Cité in F. Zaatar, "Le Spiritisme dans le droit libanais et dans l'affaire Docteur Dahesh" in Lumières sur l'affaire Docteur Dahesh, P. 227. 

[x] - Marie Hadad, Les Miracles de Docteur Dahesh, 36-53.

[xi] - Ibidem, pp. 36-37.

[xii]- Ibidem, p.36.

[xiii] - Ibidem, p. 38.

[xiv]- Consultez à cet égard Halim Dammousse, Les Miracles et les prodiges Dahéshistes extraordinaires, p. 105.

[xv]Correspondance du Docteur Dahesh avec le Dr Mohamed Hussein Haykal Pacha, Annisr Al-Muhallek, Beyrouth, 1979. 

[xvi] - L'article 9 de la Constitution libanaise. Consultez égale­ment l'étude détaillée de Me F. Zaatar qui fait la lumière sur l'affaire Dahesh : "Lumières sur l'affaire Docteur Dahesh", in Op. Cit., PP. 242-248.

[xvii] - Cité in F. Zaatar, Op. Cit., p. 257. Cette lettre a été publiée en 1945 sous la forme d’un livre noir.

[xviii] - ‘’Le crime des crimes ou l'horrible crime perpétré par le despote Béchara El Khouri’’, in Correspondance du Docteur Dahesh avec Dr Mohamed Hussein Haykal Pacha

[xix] - Docteur Dahesh relate minutieusement ces événements très importants de sa vie dans deux ouvrages à paraître : Un Innocent en chaînes ou journal du Prisonnier de la traîtrise et de la perfidie et L'Inspira­tion de la prison, du dépouillement, de l'Exil et de l'Errance.

[xx] - Marie Hadad fait allusion aux complots impliquant le clergé dans l'Affaire du Docteur Dahesh dans son ouvrage intitulé : Les Miracles du Docteur, 1983.

[xxi] - ‘’Le crime des crimes ou l'horrible crime perpétré par le despote Béchara El Khouri’’, in Correspondance du Docteur Dahesh avec Dr Mohamed Hussein Haykal Pacha.

[xxii] - Ibidem.

[xxiii] - Les Mots du Docteur Dahesh

[xxiv] - Ibidem, pp. 105-106.

[xxv] - Ibidem, pp. 105-106.

[xxvi]  Ibidem.

[xxvii] - ‘’Le crime des crimes ou l'horrible crime perpétré par le despote Béchara El Khouri’’, in Correspondance entre Dr Dahesh et Dr Haykal.

Voir aussi Docteur Dahesh, Les Voyages dahéshistes autour du monde, vol 12, pp 213-216. Daheshist Publishing Co Ltd, New York, N. Y., 1992.

[xxviii] - Ibidem, pp 14-16.

[xxix] - Ibidem.

[xxx] - Ibidem.

[xxxi] - Ibidem.

[xxxii] - Ibidem.

[xxxiii] -Ibidem.

[xxxiv] - Ibidem.

[xxxv]- Ibidem.

[xxxvi] - Ibidem. 

 

 

[xxxvii] - Ibidem.

[xxxviii] - Ibidem.

[xxxix] - Ibidem.

[xl] - Ibidem.

[xli] - Docteur Dahesh, L’Accueil à l'an 1937, Souvenirs, in Les Jardins.