dimanche 26 mai 2024

Note biographique 

Écrivain prolifique d’expression arabe, penseur et fondateur d’une philosophie de vie, Docteur Dahesh vit le jour le premier juin 1909 à Jérusalem dans une famille protestante évangélique, d’origine assyrienne. Son père, Moussa Elias El Ashy, était un professeur dans sa propre école à Esfes, un village dans l’antique Mésopo­tamie, et actuellement en Turquie. [1]

En 1906, M. El Ashy émigra en Palestine, en compagnie de sa femme, Shmouneh Mrad Kanoun qu’il venait d’épouser. Le jeune couple s’installa d’abord à Bethléem puis à Jérusalem. Dans cette dernière ville, les El Ashy eurent trois filles et un garçon, Slayman, affectueusement appelé Salim. Après un bref séjour à Haïfa, la famille quitta la Palestine en 1911 pour le Liban et elle habita dans un quartier de l’ouest de Beyrouth. M. El Ashy, père, commença son travail dans l’imprimerie de l’Université américaine. Quant à son fils, Salim, il passa une partie de son enfance et de sa jeunesse entre le Liban et la Palestine, surtout à Bethléem et à Jérusalem.

A l’âge de onze ans, Salim perdit son père le 20 décembre 1920 à Beyrouth, et il fut confié avec sa petite sœur Antoi­nette à l’internat de l’Orphelinat américain à Ghazir, un village au Liban. Vers la fin de 1921, et après une brillante année couronnée de succès, cet élève surdoué se vit obligé de quitter l’école de l’Orpheli­nat, à cause d’un asthme, et de rejoindre sa mère à Tripoli au nord du Liban où elle résidait avec sa fille aînée, Jamila.  Après un bref séjour avec sa mère, le jeune Salim fut envoyé à Jérusalem où il entra à l’école pour y passer juste quelques mois, car sa santé se détériora, et il faillit mourir. Vers la fin de 1923, il se rétablit, après une longue année de maladie. Forcé d’abandonner définitivement l’école après cette longue période de maladie et à cause de la situation financière de sa mère, au lendemain d’une grande guerre, le jeune adolescent se mit à ap­prendre et à perfectionner la langue arabe.

Féru de poésie, de littérature et de philosophie, il assouvissait son amour de l’apprentis­sage et de l’instruc­tion en fréquentant assidû­ment les bibliothèques et en y empruntant des livres qu’il dévorait passionnément. Grand liseur, l’adolescent autodidacte, se lia avec des jeunes gens, aussi férus que lui des belles-lettres. Plus encore, dès son adolescence, Salim El Ashy exprimait un désir ardent pour l’écriture, et il ne tarda pas à s’adonner à cette vocation. Le jeune écrivain, de dix-huit ans, gagna l’admiration de son entourage par sa profonde sensibilité romantique, son lyrisme ardent, son imagination ailée et ses idées sur les grands problèmes, à savoir : le sens de la vie, la place de l’homme dans l’univers, la vie et la mort, le destin, la liberté, la paix et la guerre, Dieu et l’au-delà.

Respecté dans son entourage pour ses dons spirituels, ses idées et son charisme, il voyait sa renommée grandir de jour en jour et le cercle de ses admirateurs s’épanouir. Voilà de quoi inquiéter le clergé, d’autant plus que ce jeune homme charismatique exprimait des idées anticléricales, partagées par les jeunes gens à Jérusalem et à Bethléem.

À vrai dire, Salim El Ashy se sentait de bonne heure investi d’une mission spirituelle qu’il devrait annoncer à point nommé, suivant l’instigation de l’Esprit Divin. Faisant allusion à cette mission, il avoua :

Je sens avoir au fond de moi-même d’immen­ses forces spirituelles invisibles, qui veulent se libérer pour accomplir une tâche d’une grande importance et que je refoule jusqu’à un terme bien défini. Il ne se passe pas grand temps, et les sources de ces forces jailliront en flots, roulant sur leur passage entraves et obstacles. Puis, elles se manifes­teront, à tout le monde, ouvertement, clairement et sans ambiguïté ni confusion.[2]

Et c’était dans cette perspective que le jeune penseur et écrivain avait souvent dénoncé le clergé, l’ac­cusant notamment de se servir de la religion du Christ pour exploiter le peuple et d’avoir dévié de son haut enseignement. Dédaignés, les hommes de religion firent des démarches auprès du gouvernement en Palestine, le pressant d’interdire le jeune intellectuel de propager des idées spiritualistes révolutionnaires, croyaient-ils, idées qui constitueraient une menace pour la jeunesse.

De fait, en 1927, le clergé commença son combat systématique contre ce jeune penseur, mettant les gens en garde contre ses idées, menaçant ceux-là qui admiraient son intelligence, sa pensée et son charisme et n’hésitant point à ternir sa réputation par toutes sortes d’allégations. Malgré toutes ces tentati­ves cléricales, le jeune Salim Moussa El Ashy réussit à se lier à des jeunes gens qui seront férus de son enseignement spirituel, et une élite intellectuelle sympathisait avec lui, se ral­liait à sa doctrine spirituelle, formant comme le premier noyau de disciples.

Bien que Docteur Dahesh choisît Beyrouth comme lieu de résidence permanente, il continuait à voyager vers la Palestine où il passa quelques années à Jérusalem, parmi ses disciples, dont le poète Motlak Abdel Khalek et l’homme d’affaire Tawfiq Al Esrawi. En 1935, il perdit ces deux amis et disciples, qu’il pleura amèrement dans des élégies d’une profonde sincérité. Vers la fin de 1937, il quitta définitivement la Palestine pour résider à Beyrouth au Liban, en compagnie de sa mère et de ses sœurs.

Dès 1930, le jeune Salim entama une série de voyages, le conduisant en Europe et dans des pays arabes. En réalité, dans tous ses déplacements, comme dans ses actes, il obéissait, confia-t-il, à l’instigation de l’Esprit Divin qui le guidait. Et ses voyages devraient donc être compris dans leur rapport avec à son intention messianique.

Dès sa vingtième année, il fut désigné Dahesh, de son surnom qui veut dire ‘l’homme prodige’, celui-là qui étonne le monde par ses merveilleux actes spirituels. Puis il fut connu comme Docteur Dahesh, car, dès son bas âge, soutinrent ses disciples et son entourage, il se distinguait par un génie singulier, un don spirituel qui lui permettait d’accomplir des actes miraculeux, visant à prouver l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme et à témoigner de la véracité de son enseignement spirituel.

Cet autodidacte chevronné, acquit, avec le temps, une culture générale très riche: «J’aime les livres autant que les buveurs aiment le vin, mais plus j’en lis, plus je gagne en lucidité», avoue-t-il non sans fierté.[3] Son amour des livres, d’en lire, d’en écrire, commence à donner ses fruits: entre 1927 et 1933, il acheva la composition de trois ouvrages en prose poétique : Les Secrets des DieuxLa Lyre des Dieux et Le Repos de la Mort.[4]  Dans les deux premiers recueils, il exprime les élans de son âme et ses effusions lyriques; il épanche son cœur en de véritables poèmes en prose, où la simplicité, la sobriété et la clarté se joignent à la grâce, à la sincérité, à l’intimité, à l’harmonie et à l’élégance pour former une symphonie de sons et de couleurs, la symphonie de son âme, éperdue de Beauté, assoiffée de retourner à Dieu. Docteur Dahesh est au fait l’un des pionniers de la prose poétique en littérature arabe, au début du 20ème siècle et, à l’instar de Khalil Gibran, il est l’un des écrivains qui exploitèrent le plus cette nouvelle forme d’expression, le plus qui sut en tirer avantage pour exprimer ses sentiments et ses idées dans un style libéré des contraintes de l’expression poé­tique contemporaine. Aussi, avec le poète et penseur Khalil Gibran, Docteur Dahesh est considéré comme le précurseur d’un Roman­tisme en littérature arabe, qui cultive particulièrement un mysticisme spirituel.

En vérité, dès ses premiers poèmes, le jeune écrivain exprimait une solitude morale, faisant écho à cette solitude caractéristique du poète ou du génie romantique en Europe : Je suis étranger à ce monde[5], dira-t-il, mettant l’accent sur sa solitude à la manière d’un Vigny dans son Stello.[6] Cette solitude singulière du Docteur Dahesh va s’exprimer avec plus d’in­tensité et de constance dans une série d’ouvrages en prose poétique, jusqu’à la fin de sa vie. Dans ce cycle de sa création littéraire, marqué notamment d’un profond lyrisme, nous pouvons en effet classer une cinquantaine de recueils dont ceux-ci: Le Cœur BriséL’Enfer des souvenirs, Sentiments et Tempêtes, Flèches et LancesLes Mirages fugi­tifs ou rêves terrestres, La Lyre des Chagrins, L’Inspiration de l’Emprisonnement, du Dépouillement, de l’Exil et de l’ErranceLes DédalesLes Humbles SupplicationsLe Flot des larmesLes Jardins des Dieux parsemés des Roses du ParadisLes Paradis des Déesses sertis du Nénuphar SacréLe Cantique de l’Amour, etc. 

Ces écrits, qui se caractérisent par la richesse des images et la grandeur de l’harmonie, expriment les sentiments du Docteur Dahesh et reflètent en filigrane son dessein messianique. En dénonçant l’évanescence des préoccupations terrestres, leur poésie chante l’amour platonique, invite à un retour aux valeurs spirituelles et glorifie la nature, cette œuvre de Dieu. En ces écrits, coexistent aussi une mélancolie profonde et un bonheur exalté, la mélancolie d’un génie qui souffre d’errer loin de son séjour céleste, loin de Dieu et son bonheur rêvé et chanté, qui ne se réalise que dans son retour dans le sein de Dieu, le sein du bonheur pur et ineffable. Ainsi Docteur Dahesh souffre intensément de vivre dans un monde de labeur, dans une vallée de larmes et aspire à l’autre monde, le monde de l’Esprit: ce tiraillement accentue sa mélan­colie, mais aussi il aiguise sa nostalgie du sein de Dieu.

De plus, cette poésie met en relief la mobilité universelle et l’inanité des choses et des relations humaines, en particulier l’amour, l’amitié et la fidélité. En revanche, elle glorifie Dieu, source du Beau, du Bien, du Vrai et Maître de l’Éternité. Elle dénonce enfin la prédominance du Mal qui asservit l’âme et la soumet au joug pesant de la chair, de la matière, de l’or, de la gloire éphémère, etc…

Parallèlement à son œuvre lyrique, Docteur Dahesh conçoit une œuvre philosophique : à côté de ses préfaces et de ses avertissements aux lecteurs, il composa des recueils de maximes dans le style d’un Rochefoucauld ou d’un La Bruyère : Les Mots du Docteur DaheshÉclairs et TonnerresLe Glaive Tranchant. Persuadé de l’importance du récit, il composa des contes et des histoires, qui reflètent son enseignement social et spirituel: Les Mémoires d’un DinarHistoires étranges et Légendes merveilleuses; d’un autre côté, il composa Mémoires de Jésus de Nazareth, un récit biographique relatant la vie de Jésus Christ à partir de son enfance jusqu’au début de son adolescence, une étape inconnue de la vie de Jésus.

Voulant du reste nous révéler quelques secrets de l’au-delà, du paradis et de l’enfer, il compose deux œuvres colossales: L’Enfer du Docteur Dahesh et Le Paradis.  À tout cela, s’ajoutent des récits épiques, d’un symbolisme riche et profond: Le Repos de la Mort, Les Six DéessesAdonis et Ashtarot, dans lesquels il exprime son dessein messianique en même temps qu’il définit sa théorie littéraire. De fait, c’est dans l’introduction du Repos de la Mort qu’il résume le mieux sa poétique: c’est pour la Vérité qu’il écrit, affirme-t-il; or la Vérité, c’est Dieu, et le Beau comme l’Amour est son reflet. Il soutient à cet égard: Quinconce saisit le secret du Beau, réalise un grand pas dans sa connaissance des mystères de L’Éternité et de l’Immor-talité.[7] Docteur Dahesh développera cette poétique, en insistant sur le rôle social de l’écriture : Mémoires d’un Dinar, un roman social, et Histoires étranges et légendes merveilleuses l’illustreront à merveille.

Fasciné par le voyage, Docteur Dahesh fit le tour du monde et il nous en fournit une étude profonde. Les Voyages Dahéshistes autour du Monde, une œuvre colossale d’une vingtaine d’ouvrages, racontent les menus déplacements de leur auteur, reflètent sa personnalité et apportent son jugement sur tous les aspects de la vie dans le vingtième siècle. C’est le témoignage d’une personnalité perspicace qui expérimenta la vie et l’étudia en illuminé.

L’œuvre du Docteur Dahesh est donc, conformément à sa poétique, destinée à régénérer l’homme et à l’initier à la vie spirituelle réelle, seule capable de le ramener dans le sein de Dieu et de le restituer dans son bonheur perdu. De fait, il propose implicitement dans tous ses écrits des réponses à nos préoccupations métaphysiques qui demeurent aussi neuves que jamais et essaie notamment de définir la place de l’homme et des êtres dans les univers.

Parallèlement, ce serviteur de la Vérité Divine fournit une preuve palpable et constante sur son enseignement spirituel: les Prodiges Dahéshistes. Ainsi que nous le mentionnâmes déjà, Docteur Dahesh était doué d’un pouvoir spirituel extraordinaire au sens propre des termes. De fait, sa vie durant, il exécuta des actes prodigieux, dont j’eus l’occasion de voir quelques-uns. Ses actes prodigieux constituaient assurément une preuve de l’authenticité de sa mission auprès du genre humain, de l’existence d’un Créa­teur, Dieu Suprême, et de l’immortalité de l’âme. Après la mort, admit-il, tous les êtres de toutes les nuances doivent revenir à la vie pour se purifier et à la fin pour se réunir à la Toute-Puissance Créatrice.

Au fait, dès son adolescence, il se mit à prêcher la parole divine dans son entourage, incitant ses admirateurs parmi les jeunes de Bethléem et de Jérusalem à revenir aux sources de la foi et à la vivre sans intermé­diaire, d’après les écrits spirituels, interprétés selon le bon sens. De plus, il n’épargna aucune occasion pour critiquer ouvertement le clergé, l’accusant d’avoir abandonné le fond de l’enseignement spirituel. La riposte des hommes de religion était rapide, et ces derniers pressèrent le gouvernement local d’inter­dire le jeune Salim de diffuser ses idées spirituelles syncrétiques, dangereuses pour eux, estimaient-ils. Non seulement le clergé chrétien commença en Palestine sa guerre contre ce jeune écrivain révolté, mais il allait contribuer à l’attiser pendant le séjour de ce nouveau penseur au Liban. Car, dès 1936, Docteur Dahesh se mit à parler d’une mission céleste dont il était investi, puis il en parla ouvertement, en 1937, affirmant qu’il souhaitait accomplir une tâche d’une grande importance, jurant à Dieu de mener à terme la mission pour laquelle il était prédestiné, sans se préoccuper des obstacles et des difficultés, qui se pointeraient sur son chemin et l’empêcheraient de diffuser ses idées spiritualistes syncrétiques.[8] Exprimant une détermination inébranlable à vaincre les difficultés qui l’assaillaient d’ailleurs dès son jeune âge, il s’adressa à Dieu Suprême, l’implorant de l’aider à accomplir sa mission, malgré l’ampleur des contraintes et défis:

Je le jure par Toi, ô mon Créateur! Même s’il existe des millions de stupides apostats ou de traîtres hypo­crites, même si on remplit d’écritures tout le papier du monde et grave les pierres de l’univers en entier, prétendant que ma Mission n’est pas authentique, je marcherai haut la tête et en tout honneur! Et je persévérerai à prêcher et à diffuser ma Mission jusqu’à ce qu’Elle se propage dans la Terre et se répande aussi dans le Ciel. Et, tant que Tu me soutiens, par Ta Divine Force, ô Dieu, les humains en entier ne pourront point m’empê­cher de l’accom­plir![9]

Ce n’est que le lundi 23 mars 1942 que Docteur Dahesh annonça formellement à Beyrouth sa mission spirituelle: le Dahéshisme. Un bon nombre parmi les intel­lectuels libanais adopta la nouvelle doctrine. Fascinés par l’enseignement spirituel dahéshiste, Halim Dammousse, poète et intellectuel, Dr Georges Khabsa, dermatologue de renommée et Professeur à la Faculté de médecine de l’Université de Saint-Joseph, Dr Farid Abou Sleiman, médecin légiste, Marie Hadad, la présidente de l’Ordre des artistes libanais, peintre et femme de lettres d’expression française, son époux Georges Hadad, un homme d’affaires de réputation et consul honorifique de la Roumanie au Liban, et leurs enfants, et bien d’autres parmi l’élite intellectuelle au Liban, se lièrent avec Docteur Dahesh. À tous ceux-là, venaient s’ajouter Me Edouard Noun, ancien ministre, et Me Dimitri El Hayek, Premier Procureur général du district de Beyrouth, celui-là qui allait refuser de porter quelque accusation que ce soit contre Docteur Dahesh faute de preuve, et qui allait devenir l’un de ses adeptes, le 23 mai 1942.

La déclaration de la Mission Dahéshiste et l’adhésion d’un bon nombre de l’élite intellectuelle au Liban à cette nouvelle mission spirituelle, inquiéta en particulier l’Église catholique, car une bonne partie parmi les disciples du Docteur Dahesh était catholique. Le clergé de la Palestine avait déjà mis la puce aux oreilles du clergé au Liban: Dahesh affichait des idées anticléricales, estimait-on, non sans raison.

Voulant étouffer ce nouveau courant de pensée spiritualiste, le clergé jésuite commençait à mijoter des complots contre son fondateur. Se servant du gouvernement et de ses institutions et de quelques journaux, il se mit à ternir la réputation du Docteur Dahesh et à le persécuter de peur que ses idées ne se propagent ni ne s’enra­cinent dans la société libanaise. D’autant plus que cette nouvelle vague spirituelle qui abolit les différences entre les confessions réussit à rallier une bonne partie de la classe intellectuelle libanaise et arabe à la pensée dahéshiste. De fait, l’Église catholique mit tout en œuvre pour éliminer ce nouveau courant de pensée incarné par le Dahéshisme. Force était de constater son échec dans ses tentatives pour éloigner du Docteur Dahesh ces grandes personnalités, et en particulier les Hadad, dont elle profitait largement. A ce moment, le clergé se mit à attaquer Docteur Dahesh dans les églises et à inciter le gouvernement à l’expulser du Liban. La femme de lettres Marie Hadad en fit le récit émouvant et l’analyse profonde dans un livre sur Docteur Dahesh.[10]

Ne réussissant pas à convaincre la famille de Madame Marie Chiha Hadad, la sœur de Michel Chiha et la belle-sœur de Béchara El Khouri, qui allait devenir en septembre 1943 grâce à la collaboration et au pouvoir du clergé le président de la République libanaise, d’aban­donner le Dahéshisme et ses liens avec son fondateur, l’Église eut recours à leurs parents, en particulier Michel Chiha et son beau-frère Henri Pharaon, deux riches personnalités religieusement fanatiques.

De fait, cette institution religieuse se mit à inciter ces derniers à tout faire pour ramener leurs parents à son giron. À leur tour, Michel Chiha et Henri Pharaon échouèrent dans leurs tenta­tives; dépités, ils procédèrent, à l’instigation de l’Église et avec son appui, à une campagne de dénigrement haineuse dans les journaux, surtout dans Al Bachir, l’organe jésuite, dans l’espoir d’amener le gouvernement à interdire la pensée dahéshiste et à éloigner Docteur Dahesh du Liban. Le directeur du quotidien jésuite El Bachir le reconnaît ouvertement dans l’enquê­te effectuée alors par le commissaire Fadel Azouri.  M. Abella résuma en effet les raisons de la campagne anti-dahéshiste, avouant qu'il fit cette campagne contre Docteur Dahesh et les intellectuels ralliés à sa doctrine, parce que les dirigeants du peuple et ses intellectuels [...] commencèrent à croire en lui, comme maître spirituel.[11]

Ainsi que le démontre la déclaration du directeur du quotidien jésuite, l’Église catholique libanaise voulait à tout prix empêcher l’épanou­is­sement des idées du Docteur Dahesh, idées qui contri­bueraient à ébranler son pouvoir et à le priver de quelques sources importantes de financement. Marie Hadad mit en relief les raisons qui ranimèrent la haine des hommes de religion catholiques et leurs supérieurs à l’ég­ard du Docteur Dahesh.[12] La présidente de l’Ordre des artistes analyse, dans une chronique historique, ces raisons, soulignant l’intér­êt de plusieurs personnalités de l’élite intellectuelle libanaise pour l’enseignement spirituel du Docteur Dahesh. Ce dernier, confirme-t-elle, ne ravit pas seulement au giron du Catholicisme notre famille et notre gendre, un catholique, mais aussi Docteur Georges Khabsa, Docteur Farid Abou Sleiman, Docteur Najib El Ashy et bien d’au­tres qui sucèrent avec le lait le dogme catholique et qui grandirent puis vieillirent, ne cro­yant qu’à ce que le clergé de Rome et leurs représentants en Orient leur inculquèrent.[13]

Madame Hadad, qui embrassa le Dahéshisme en 1942, étudia les circonstances précédant la persécution systématique du Docteur Dahesh par l’Église et le gouvernement et mit en évidence leurs desseins : 

L’Église catholique, ou bien ceux-là qui dirigent l’Église d’entre les pères ‘spirituels’ ainsi qu’ils se nomment eux-mêmes, profitait abondamment et largement de l’argent de notre famille. Or, en rejetant le Catholicisme qui enchaî­nait nos cous, en nous dépouillant de son joug et en adoptant la Religion Dahéshiste, nous cessâmes de donner de l’argent au clergé catholique, comme par le passé.[14]

Toutes les tentatives du clergé catholique pour persuader les Hadad et les autres personnalités d’abandonner Docteur Dahesh et son enseignement furent vaines. Tant s'en faut! Elles contribuèrent à raffermir la foi de ses disciples dans leur doctrine et à augmenter les amitiés de son fondateur. Le clergé et les parents des Hadad commencèrent alors leur contact avec le gouvernement du président libanais Alfred Naccache en vue d’arrêter et d’expulser Docteur Dahesh du Liban, sous prétexte que ses idées mena­çaient la société libanaise. Sur la recommandation du chef de la police, Ezzeddine El Omari, le président Naccache refusa leur requête. M. El Omari, qui adressa le résultat de son enquête au président Naccache, en venait à cette conclusion : 

Du point de vue légal, nous ne pouvons pas expulser Docteur Dahesh au-delà des frontières libanaises, car il est libanais. De plus, légalement parlant, je ne constatai aucune preuve, me permettant de le citer devant les tribu­naux. Pour ce qui est de la croyance des gens en lui, c’est une affaire qui ne nous concerne point. Nous ne pouvons pas d’ailleurs interdire cette croyance, d’autant plus que ceux qui crurent en elle sont de l’élite intellectuelle du pays : parmi eux, figurent en effet des hommes de lettres, des poètes, des avocats, des juristes, des médecins, des hommes d’affaires et des personnalités notables.15]

Le résultat de ce rapport déçut profondément l’Église catholique et ses marionnettes parmi les parents des Hadad, notamment Henri Pharaon et son beau-frère Michel Chiha et la sœur de ce dernier Laure Chiha l’épouse de Béchara El Khouri, tous ceux-là qui jouèrent un rôle de premier ordre dans l’imp­lantation du confessionnalisme politique au Liban, fort utile pour eux.

A peine, un an plus tard, le 21 septembre 1943, Béchara El Khouri, l’ennemi acharné du Docteur Dahesh et la marionnette du clergé, fut élu président de la République libanaise. De fait, trois semaines après son accès au pouvoir, il se mit à contrarier le fondateur du Dahéshisme et ses disciples. D’abord, il ranima une campagne fallacieuse dans les journaux contre ce penseur libanais, en vue de préparer l’opi­nion publique à accepter une série de mesures anticonstitutionnelles bien préméditées contre lui ; puis il commença en coulisse à fomenter des complots contre Docteur Dahesh, ainsi que le démontraient des documents gouvernementaux olographes haut-classés, dont ce dernier eut une copie le 14 décembre 1943.[16]

Dès les premières tentatives du président de la République, sa belle-sœur, Madame Marie Chiha Hadad, lui adressa une lettre de protestation contre ses agissements, dénonçant ses démarches illégales et son acharnement à incriminer Docteur Dahesh par n’importe quel moyen. Lui rappelant que la constitution libanaise garantit la liberté de religion, de pensée et de parole, la présidente de l’Ordre des artistes l’incitait à mettre fin à ses actes illégaux, visant à l’arrêter et surtout à renoncer aux investigations illégitimes et à recourir plutôt aux tribunaux pour régler tout différend et non aux coulis­ses. Car Docteur Dahesh ne fit rien d’illégal aux termes de la constitution libanaise qui garantit les liber­tés.[17]

Malgré tout cela, Béchara El Khouri et ses alliés parmi le clergé et les personnalités fanatiques continuèrent leurs complots : en effet, on voulait par tous les moyens arrêter Docteur Dahesh et l’expulser du Liban en vue d’étouffer ses idées spiritualistes qui se propageaient rapidement parmi les intellectuels. Toutefois, leurs tenta­tives échouèrent, car les résultats de toutes les investigations ordonnées en secret par le président au pouvoir étaient toujours en faveur du Docteur Dahesh. En vérité, ce dernier ne fit rien d’illégal ; tant s'en faut! Tout indiquait qu’il agissait en conformi­té avec tous les règlements de la constitution.

Encore une fois, ses persécuteurs essuyèrent une écrasante perte qui augmenta leur déception et les amena à recourir à des procédés illégaux. De fait, de connivence avec sa femme Laure Chiha et son frère Michel Chiha, avec leur beau-frère Henri Pharaon, avec Habib Abou Chahla, son ministre de la Justice, et de quelque parti politique fanatique, Béchara El Khouri envoya, dans la résidence du Docteur Dahesh, le matin du 28 août 1944, huit bandits pour l’assas­siner, mais en vain. Et, quand ce dernier appela la police pour le sauver, il fut consterné de constater par ses propres yeux le complot fomenté par le gouvernement.[18]  En effet, les policiers venant à sa rescousse l’arrêtèrent à la place des bandits qui voulaient attenter à sa vie. Docteur Dahesh en fit le récit émouvant dans Vision effrayante qui se vérifia, où il soulignait l’attitude amicale et encourageante du Commissaire de la Police, Mohamed Ali Fayade, envers les bandits qui n’hésitèrent pas quand même à atta­quer leur victime sous l’œil vigilant des policiers.[19] Le drame issu de ces complots fut décrit par le menu détail dans un ouvrage que l’innocente victime consacra exclusivement à ce crime considéré comme le crime du siècle: Un Innocent en chaînes ou Journal du Prisonnier de la traîtrise et de la perfidie.[20]

Et, ainsi que l’on constata plus tard, en consultant les archives juridiques au sujet de l’Af­faire Dahesh, le président de la République Béchara El Khouri procéda en secret et illégalement, la même journée de l’arrestation du Docteur Dahesh, à le dépouiller injustement de sa citoyenneté libanaise et à faire les préparatifs pour l’expulser du pays. De fait, il l’expa­tria, sans procès et sans consultation du Parlement, mais en promulguant deux décrets présidentiels qui ne res­pectaient nullement la constitution libanaise, pour laquelle la liberté de croire est sans contrainte. [21]

Deux jours après l’arrestation illégale du Docteur Dahesh, soit le 30 août 1944, Madame Marie Hadad envoya une lettre à sa sœur, l’épouse du président de la République libanaise Béchara El Khouri, dans laquelle elle incitait sa sœur et son époux à corriger leur erreur et à renoncer à leur plan de persécution pour une personne innocente. Les rappelant que son adhésion avec sa famille au Dahéshisme n’incriminait nullement Docteur Dahesh, Madame Hadad blâmait avec force ses parents au pouvoir et s’apitoyait en même temps sur eux :

Je proteste vigoureusement contre l’injustice tyrannique que vous perpétrâtes devant Dieu et le monde. Depuis vingt ans, en effet, vous courez après la Présidence, et voilà enfin! vous y arrivâtes, mais pour votre malheur et votre misère. Si vous n’arriviez point à cette position! Car elle vous impose de nombreuses responsabilités qu’il vous sera impossible d’assumer avec honneur. Vous vous couvrîtes ainsi de souillures à jamais, et j’aurais souhaité sacrifier ma vie une dizaine de fois si j’é­tais capable de vous empêcher d’être les auteurs de ce crapuleux crime!

Elle finit sa lettre avec ces mots forts qui sous-tendaient un avertissement et réclama la restitution du Docteur Dahesh opprimé dans ses droits : Avant qu’il ne soit trop tard, restituez Docteur Dahesh dans sa liberté spoliée, revendiqua-t-elle.[22]

Les autorités libanaises persistèrent quand même à torturer l’innocent prisonnier. Plus encore, le 9 septembre 1944, avec la complicité du préfet d’Alep, en Syrie, et avec le laxisme du clergé musulman et des dirigeants libanais de toutes allégeances, Béchara El Khouri exila despotiquement et cavalièrement Docteur Dahesh vers la Syrie, après l’avoir illégalement et discrètement dépouillé de sa citoyenneté libanaise. Loin de d’être amolli par toute cette persécution systématique, armé de patience et de persévérance, Docteur Dahesh réussit à mener une résistance farouche et légitime contre ses oppresseurs.

De fait, dès son retour clandestin d’exil, le 9 octobre 1944, il eut recours à sa plume pour se défendre contre ses persécuteurs, à un moment où les journalistes et écrivains furent réduits au silence ou acheté par le gouvernement et l’Église. Menant une campagne aguerrie contre ses persécuteurs à partir d’une maison située en face du Palais présidentiel, Docteur Dahesh critiquait d’un ton acerbe et particulier la presse au Liban, qui défaillit à son devoir en se rangeant du côté du régime despote. L’une de ses déclarations fit l’écho de cette condamnation des journalistes, mais aussi des dirigeants et responsables libanais qui manquèrent honteusement à leurs devoirs:

J’affirme, avec un grand regret, qu’aucun député ni ministre ni juge ni avocat ne plaidèrent en faveur de Dahesh l’op­primé. Il en était de même de la presse. Pour plaire à Béchara El Khouri et pour attirer sa bienveillance afin de satisfaire à leurs intérêts pécuniers, les journalistes se mirent à attaquer sévèrement Docteur Dahesh, inventant des histoi­res dénuées de vérité, qu’ils lui imputaient sans ver­gogne. [23]

 Aidé dans sa tâche par ses disciples, qui furent persécutés, emprisonnés et torturés, Docteur Dahesh entama en outre une campagne d’autodéfense contre le président qui l’expatria et le dépouilla de sa citoyenneté. Dès son retour clandestin d’Alep à Beyrouth, il se mit à dénoncer le crime odieux et crapuleux que l’État, en personne de son président et ses acolytes, perpétra contre lui.[24]  Comme il ne pouvait pas se défendre contre ses oppresseurs dans les journaux, il composa une grande série d’écrits noirs : soixante-six livres noirs et cent et soixante-cinq pamphlets noirs, qu’il distribua au peuple libanais et dans les pays arabes. Ces écrits décrivaient les raisons de son oppression et de la campagne du président et du clergé catholique et de leurs acolytes contre lui. Ils dévoilèrent du reste les scandales politiques, financiers et moraux des politiciens et de certains religieux.[25] Le quotidien français Le Monde qui faisait alors état de la corruption politique régnant au Liban, qualifiait, dans sa manchette principale le président de la République libanaise Béchara El Khouri de « Grand Fermier du Liban » tellement il essayait d’accaparer toutes les richesses du pays. Plus encore, ce président assoiffé d'argent pratiquait avec le concours de son frère le trafic des stupéfiants, et le peuple libanais le savait bien.

Les écrits dahéshistes contribuèrent donc à secouer le pouvoir de Béchara El Khouri après l’avoir particulièrement exposé au peuple avec ses scandales et ses ambitions démesurées. Le peuple se révolta contre lui, et il fut déposé dans la honte le 18 septembre 1952. On en trouve l’écho dans ces lignes du Docteur Dahesh:

Perdant leur patience, après avoir longuement supporté la série de crimes que Béchara El Khouri et sa famille perpétrèrent, les Libanais s'élevèrent, à l’unisson, déclarant la révolte totale contre le président. Ils lui déclarèrent une guerre ouverte, brisant son trône, anéantis­sant son règne, détruisant son pouvoir et ruinant son empire.[26]

 Et le fondateur du Dahéshisme d’ajouter en soulignant le sort malheureux d’un président despote :

Ainsi le peuple l’expulsa cruellement du pouvoir! Du reste, il fut rejeté et condamné à l’errance, au vagabon­dage. Plus encore, Béchara El Khouri tomba malade. Et, comme le savait bien le peuple libanais, après avoir cruellement et injustement perpétré son crime contre Docteur Dahesh, ce dernier appliqua sur lui une force spirituelle qui lui fit perdre son esprit. Alors, il devint fou délirant, aliéné, car il perdit complètement sa raison.[27]

À la chute du président Béchara El Khouri dans la honte, la campagne de persécution contre le Dahéshisme connut une accalmie. Et, dès l’arrivée de Camille Chamoun à la Présidence, les Dahéshistes réclamèrent du président élu de restituer Docteur Dahesh dans ses droits.

Après une étude approfondie de son dossier, le juge Dr Antoine Baroud reconnut l’illégalité des décisions prises par l’ex-président, Béchara El Khouri. Et sur la recommanda­tion de ce juge, le Conseil des Ministres renversa ces décisions le 6 février 1953, ordonnant le rétablissement du Docteur Dahesh dans ses droits de citoyen libanais. Puis, le 24 mars 1953, le président Camille Chamoun renversa, par un autre décret présidentiel, le décret de son prédécesseur, qui avait signifié l’exil du Docteur Dahesh de son pays. Après sa victoire sur l’oppression et l’injus­tice, Docteur Dahesh s’écria : Le crime flagrant de l’at­tente injuste à ma liberté sacrée me transforma en un lion puissant, et je fonçai tel un éclair sur le tyran despote, l’abattant avec une force foud­royante.[28]

 Après la destitution de Béchara El Khouri, Docteur Dahesh cessa d’attaquer le président déchu et l’État. Toutefois, Le Crime du siècle [29], comme le mentionnera l’avocat Me Khalil Zaatar, constitua réellement le crime du 20ème siècle, crime perpétré sauvagement contre un innocent par des dirigeants libanais de plusieurs nuances politiques et religieuses. D’ailleurs, Docteur Dahesh ne cessera pas de s’en souvenir dans son œuvre jusqu’à la fin de sa vie:

 Je me rappelai ce qui m’arriva en ce jour de deuil! Je pris ma plume et j’écrivis ce texte qui restera un souvenir pour les Dahéshistes, les rappelant l’énormité de l’hor­rible injustice et l’incomparable oppression, qui me furent infligées.[30]

Puis il se demanda en évoquant de graves conséquen­ces qui seraient engendrées par le crime du siècle :

Qui sait d’ailleurs ? Ce crime engendrerait de graves conséquences. Dieu Tout-Puissant ne dit-il pas dans l’Ancien Testament de La Bible et dans l’un de ses dix commandements : « car moi Jéhovah, ton Dieu, je suis un Dieu... qui fait venir la punition pour la faute des pères sur les fils, sur la troisième et sur la quatrième génération, dans le cas de ceux qui me haïssent...[31]

Docteur Dahesh répéta une autre fois l’écho de cette déclaration, en faisant l’analyse du crime perpétré contre lui par l’État libanais avec la compli­cité du clergé et le laxisme des dirigeants libanais de toutes allégeances politiques et religieuses, confirmant à cet égard ceci :

Par leur geste insensé, les potentats du Liban et tous ses responsables commirent une grave erreur que l’Histoire enregistra comme un triste et ineffaçable témoignage, les dénonçant tous, d’autant plus que l’Histoire est impitoyable. Il s’agit, en effet, d’un geste déshono­rable qui engendra au Liban, à ses journalistes et à ses responsables l’opprobre. Car tous ceux-ci ne firent point leur devoir : de fait, ils ne se rangèrent point du côté de la Justice. Tant s'en faut! Ils l’attaquèrent de leurs mortelles flèches afin de préserver leurs intérêts et de réaliser leurs désirs. Quelle honte! [32]

 Et de dresser un parallèle entre l’attitude honorable de l’écri­vain français Émile Zola, le seul à plaider en faveur de Dreyfus, dans sa mémorable et immortelle plaidoirie. ‘J’accuse’, et l’at­titude déplorable des journalistes et intellectuels libanais et leur rôle dans la persécution d’une personne pour ses idées, il conclut, après avoir loué le courage de l’écrivain français :

Au Liban, aucun homme, aucun journaliste n’essayèrent de défendre la cause d’une personne opprimée, persécutée. Alors, l’Histoire doit enregistrer l’opprobre enveloppant le Liban et dont les conséquences provoquèrent une grande révolte qui détruisit ses villes et villages. De fait, le Liban tomba en désolation et en poussières. Quelle horrible destinée! [33]

 Malgré tout, Docteur Dahesh demeura en clandestinité, car le clergé, qui digéra mal ses échecs répétés, guettait la moindre occasion pour l’attaquer et le persécuter. Avec le concours des institutions gouvernementales, ce clergé continua d’user de tous les stratagèmes afin de limiter la propaga­tion du Dahéshisme dans la société.

De fait, au moment où les potentats temporels et religieux fermaient les yeux sur la tenue de colloques et de conféren­ces organisés par des partis athées, ils mettaient tout leur poids pour empêcher la tenue d’une conférence sur le Dahéshisme, conférence sollicitée d’ailleurs par le peuple. Docteur Dahesh dénonce alors cette attitude injuste des institutions gouvernementales et cléricales dans un long texte écrit dans le 12ème volume des Voyages dahéshistes, [34] mettant en relief la machination ourdie par des personnalités influentes dans le gouvernement et dans l’autorité cléricale catholique pour empêcher la tenue d’une telle conférence. Ces dirigeants cléricaux et gouvernementaux haut placés faisaient effectivement tout pour interdire Dr Ghazi Brax de donner en 1971une conférence sur le Dahéshisme dans la Faculté de Droit de l’université libanaise. Docteur Dahesh rappela cet incident, au moment où Dr Boutros Dib, le secrétaire de la Présidence, se présentait en 1977 au poste de directeur général du ministère de la Justice libanaise, celui-là qui essayait plusieurs fois d’interdire la tenue de la conférence du Dr Brax. Il dénonça cette personnalité despote et fanatique, écrivant à son égard ces pages qui démontrent l’attitude agressive et cavalière des autorités envers la liberté de la pensée, notamment la pensée Dahéshiste. Il dit à propos de ce postulant au poste critique dans le ministère de la justice :

(Boutros Dib) porta déjà atteinte à la valeur de cette justice, se servant de sa pioche pour la démolir et la raser, notamment, quand le frère Dr Ghazi Brax allait donner en date du 21 mai 1971 à la tribune de la Faculté de justice, sur la demande de l’Association des étudiants de l’Université Libanaise, une conférence sur la Doctrine Dahéshiste, intitulée ‘Le Dahéshisme, une vérité spirituelle soutenue par les prodiges’. [35]

Docteur Dahesh souligne à cet égard la tentative du clergé et de l’État d’empêcher la tenue de cette conférence sur le Dahéshisme, confirmant ceci :

Le Patriarche El Ma’ouchi, qui en fut épouvanté, contacta le Palais présidentiel, sollicitant l’annulation de cette conférence. Les ordres furent alors donnés à ce Boutros, à ce loup, qui selon Al Anwar est candidat aspirant à la direction du ministère de la justice. Sur le champ, Boutros appela le doyen de la Faculté de droit, Dr Edmond Ne’im, lui demandant d’annuler cette conférence Dahéshiste.36]

Néanmoins, Dr Edmond Ne’im le doyen de la Faculté de droit et le président de l’Université libanaise refusa catégoriquement les requêtes répétées du secrétaire de la Présidence de la République, Boutros Dib, lui retorquant ses arguments :

Quel jugement l’Histoire me rendra si je décide délibérément d’annuler cette conférence sollicitée d’ailleurs par le peuple libanais qui désire ardemment y assister ? Puis n’as-tu point entendu Boutros qu’on dit que le Liban est le pays des lumières ? [37]

Scandalisé par la demande du secrétaire de la Présidence, M. Edmond Ne’im continua non sans étonnement :

Veux-tu donc que j’éteigne cette lumière en interdisant cette conférence à laquelle nous désirons tous impatiemment assister pour écouter ce que le Dr Ghazi Brax va dire d’une nouvelle doctrine embrassée d’ailleurs par les intellectuels du Liban, ses hommes de lettres, ses poètes, ses médecins, ses avocats et ses commerçants, tous d’une élite parmi les notables du pays et pour avoir une idée des préceptes fondamentaux de cette doctrine dont les nouvelles se sont partout répandues et dont les journaux avaient répété les nouvelles il y a de longues années? [38]

Le doyen Edmond Ne’im d’ajouter, en s’adressant sans ménagement au secrétaire de la Présidence :

Tu sais que cette conférence sera faite sur le campus de la Faculté de droit ; or la Faculté de droit est la tribune des pensées libres ; par conséquent, aucun tyran ne peut la museler, aucun tyran despote ne peut réduire au silence sa voix grondante et retentissante. Donc, si j’exécute ta demande, je me vêtirai de l’habit de la honte, et l’Histoire me couvrira du grand déshonneur ; plus encore, les noms de ceux-là qui t’ont chargé de cette mission, que tu as d’ailleurs acceptée pour me contacter, seront entachée de honte et mêlés aux immondices.[39]

 Docteur Dahesh souligna l’attitude fanatique de ce secrétaire, le dénonçant d’un ton acerbe:

Quant à ce Boutros, il ne fut point influencé par les paroles de l’honnête professeur Edmond Ne’im, paroles qui s’abattirent sur lui tel un foudroyant gifle, car il répéta sa requête une deuxième, une troisième et une quatrième fois! Néanmoins, il recevait à chaque fois une cuisante perte devant la résistance du noble doyen et honnête président de l’Université libanaise. [40]

D’ajouter en mettant en relief l’insistance du secrétaire de la Présidence pour annuler la conférence du Dr Brax sur l’enseignement dahéshiste :

Ainsi, ce loup de Boutros Dib peut-il nier ce que nous venons de mentionner, notamment ses quatre appels pour interdire la conférence? Certainement non! Et non seulement il ne peut pas le nier, mais aussi il déguerpira d’épouvante, alors que l’Histoire le saisit, l’emprisonnant tel un coupable! Où pourra-t-il donc fuir ? Il fut effectivement conduit dans la cage d’accusation afin que tout le monde le voie, que les millions lisent le récit de son ignoble acte. En vérité, il récolte ce qu’il sema![41]

Malgré tout Dr Brax donna sa conférence, et Docteur Dahesh en mentionne les faits suivants :

Certes, Docteur Ghazi Brax donna sa précieuse conférence à la tribune de la Faculté libanaise de droit. La salle fut comblée de milliers d’auditeurs, et les personnes debout dépassaient largement en nombre les personnes assises. D’un autre côté, les religieux envoyés par la Patriarchie comme ceux-là envoyés par le monastère des jésuites pour faire perdre au conférencier le fil de ses idées essuyèrent une cuisante perte! [42]

Plus encore, le conférencier dahéshiste l’emporta sur ses détracteurs présents pour créer du trouble afin de nuire au bon déroulement de sa conférence. De fait, Dr Brax parvint, par ses arguments fort éloquents,

à faire taire leurs hordes envoyées exprès pour l’embrouiller, et elles perdirent dans la honte fort ignoble. Tellement leur colère et leur exaspération étaient extrêmes en raison du succès de cette précieuse conférence dahéshiste, elles eurent les visages plombés d’un reflet livide, et leurs physionomies se décolorèrent puis recolorèrent à la manière du caméléon. [43]

D’un autre côté, Docteur Dahesh déplora l’attitude injuste des responsables libanais, regrettant le geste despote de la Présidence actuelle qui perpétuait l’injustice contre le Dahéshisme, mettant en évidence les conséquences destructrices des actes despotes commis par la présidence de Béchara El Khouri:

Néanmoins, l’incident regrettable, voire fort regrettable, résidait dans la participation effective des autorités à cet odieux crime, crime de l’envoi de plusieurs détectives qui interdirent la prise des photos pour cette conférence historique de crainte qu’elles ne soient imprimées dans les journaux ; tel était en réalité le désir de la Patriarchie et du monastère des jésuites, mais aussi le désir des hommes au pouvoir durant la présidence de Sleiman Frangié. [44]

Soulignant la lutte acharnée menée par les dahéshistes pour se défendre de leur persécution systématique pendant le règne du criminel Béchar El Khouri, règne désastreux pour le Dahéshisme, Docteur Dahesh rappela en effet ceci : Ce président despote s’attaqua ignoblement au fondateur du Dahéshisme et à ses disciples, mais ce despote nous confirma Docteur Dahesh, reçut d’horribles ripostes de la part des dahéshistes, notamment après ma publication des dizaines d’écrits noirs qui mettaient en extrême évidence les détails horribles de ses crimes, vols, ignominies et méfaits odieux. [45]

Regrettant la persévérance de l’actuel pouvoir, sous l’influence du pouvoir religieux, à persécuter le Dahéshisme, sans avoir en réalité rien appris des coups qui avaient assailli le criminel Béchara El Khouri, notamment son expulsion du pouvoir dans l’humiliation et la honte par le peuple qui l’avait fait mordre la poussière des avilissements les plus sordides, avilissements qui avaient déchiré son honneur, le trainant dans la fange de l’éternel déshonneur infame. [46]

Constatant avec amertume l’incapacité de l’Orient de respecter la liberté de la pensée, Docteur Dahesh déclare :

Cette série de persécutions répétées prouvent que l’Orient est incapable de se départir de l’humiliation et de sortir de l’ignominie, dont il s’est fait cerner. Persuadé que l’Orient ne méritait point la présence dans son sein de toute personne libre, le Dahéshisme le quitta alors pour les pays de la liberté, la Grande Amérique que l’Histoire mentionnera comme le refuge des persécutés, l’asile des personnes apeurées contre l’Orient affligé par ses souverains, ceux-là que l’Histoire va fustiger et emprisonner dans ses replis afin que tous les enfants du globe terrestre lisent le récit de leurs vices et, tant qu’ils ont des yeux pour lire et des oreilles pour entendre, ils  maudiront leur injustice.. [47]

Les Dahéshistes devaient donc toujours lutter pour obtenir, après beaucoup de contra­riétés, l’autorisation de s’adresser au public qui le voulait bien, afin de lui expliquer l’Enseignement Dahéshiste par l’inter­médiaire de la presse ou des collo­ques, les autres moyens d’information officiels leur ayant été officieusement défendus.

Quant au fondateur du Dahéshisme, il continua à prêcher son enseigne­ment spirituel à ses disciples qui ne cessaient d’augmenter. Force est de constater que la persécution systématique du Dahéshisme, tout en diminuant d’intensité, changea de style, de couleur. Les médias ne pouvaient pas par exemple faire allu­sion au Dahéshisme ni à l’œuvre littéraire du Docteur Dahesh dont la célébrité atteignit tout le Moyen-Orient. D’ailleurs, son œuvre était exclue des programmes et répertoires littéraires libanais bien qu’il ait été l’un des pionniers du romantisme arabe, que son énorme héritage littéraire ait dépassé de loin la centaine d’ouvrages.

Or le Dahéshisme, qui est l’une des paroles de Dieu, bravera, comme toutes les paroles divines antérieures, tous les obsta­cles et continuera son chemin, affirme Docteur Dahesh.  Il doit en effet suivre son cheminement à travers la terre, chemin tracé par la Providence Divine. Malgré les obstacles et les persécutions, le Dahéshisme se propagera parmi les humains. Étant la somme des enseignements spiri­tuels, la pensée Dahéshiste se veut assurément une invitation à un retour aux sources de la pensée spiritualiste, à une vie guidée par ces hauts enseignements spirituels afin de réaliser la possession du bonheur et le retour des êtres dans le sein Dieu. La doctrine dahéshiste, essayant donc de clarifier certaines notions et principes que les enseignements spirituels antérieurs n’ex-pliquèrent point ouvertement, propose du coup une interprétation poussée des préoccupations métaphysiques qui font notre inquiétude éternelle, à savoir : la justice divine, la mort, le paradis, l’enfer, la causalité spirituelle, la punition, la rétribution, la réincarnation des êtres en ce bas-monde ou dans les univers infinis. Cet enseignement, qui vise à confirmer la véracité des missions spirituelles précédentes dans un siècle de plus en plus malade de son matérialisme et victime de cette cécité morale qu’est l’athéisme, prône donc l’exis­tence d’un Créateur Suprême des Univers; et Docteur Dahesh ne cessera point de s’adresser à cet Auteur de la Terre et du Ciel, jurant de continuer sa lutte malgré tous les obstacles, de persévérer à prêcher et à diffuser sa mission jusqu’à ce qu’elle envahisse la Terre et se propage aussi dans le Ciel48]

Déçu devant l’insouciance du Moyen Orient, aveuglé par l’ignorance, l’intolérance et l’obscurantisme perpétué par un clergé soucieux de préserver par tous les moyens sa situation et son pouvoir et par des souverains injustes; perdant l’espoir que cet Orient profondément assoupi n’arrivera point à s’émanciper du joug pesant de l’obscurantisme, Docteur Dahesh s’exila volontairement aux États Unis d’Amérique. En 1976, pendant la guerre religieuse atroce qui ravagea le Liban et qui dura une vingtaine d’année, il quitta le Liban, s’établissant aux États-Unis d’Amé­rique, le nouveau berceau de sa Mission. Il retourna au Liban pour imprimer une cinquantaine de ses ouvrages, mais le 1er septembre 1980, il quitta définitivement le Liban et partit pour un voyage en Europe puis aux États-Unis où il résida jusqu’à la fin de sa vie. Le 9 avril 1984, l’auteur du Repos de la mort s’éteignit, laissant après lui un héritage culturel d’une grande richesse.

A New York, se trouve ainsi le siège social de la maison d’édition dahéshiste. À partir de 1986, The Daheshist Publishing Company Ltd se spécialise dans la publication de l’œuvre du Docteur Dahesh dans plusieurs langues et dans sa distri­bution. Aussi Dahesh Heritage est une librairie consacrée à la vente des livres du Docteur Dahesh et à la distribution d’une revue dahéshiste bilingue, Dahesh Voice, fondée en 1995. D’un autre côté, en cette même année, un musée dahéshiste fut inauguré dans la ville de New York: Dahesh Museum exposa la grande et riche collection du Docteur Dahesh. À tout cela, s’ajoute sa grande collection privée de livres qui constitue la bibliothèque dahéshiste.

Dès son jeune âge, le jeune Salim El Ashy, connu plus tard comme Docteur Dahesh, se sentit donc investi d’une Mission spirituelle qui voulait régénérer l’homme afin de pouvoir revenir à son origine céleste. Docteur Dahesh lutta fort pour consolider les assises de sa mission et pour répandre son enseignement spirituel, défiant les abondantes difficultés, les persécutions systématiques et les complots fomentés par les clergés et les gouvernements. Cet Envoyé s’en haut mena sa mission vers un havre de paix. Malgré les difficultés qui continuent certes à cerner le nouvel enseignement, on vit naître un musée, une maison d’édition, une revue et une grande bibliothèque dahéshistes, qui contribueront à enrichir l’humanité et à libérer l’homme de l’emprise de la matière afin de récupérer sa gloire initiale, perdue à la suite la Déchéance originelle, universelle. Force est de constater que le Dahéshisme sera comme le confirma Docteur Dahesh une religion universelle, voire cosmique malgré persécutions et complots nourris par les forces du Mal.

 

Adel Younes

Laval, le mardi 25 décembre 2012, à 18h30

 



[1] - Son père vient d'Esfes et sa mère d’Azech (Idil), deux villages, actuellement, situés au pied du Tur Abdin, Montagne des serviteurs de Dieu, dans la province de Sirnak , en Turquie.

[2] - Les Mots du Docteur Dahesh, Annar Wannour, Beyrouth, 2e édition, 1983, p. 149. Sauf indication contraire, toutes les citations de l’œuvre du Docteur Dahesh sont traduites par Adel Younes.

[3] - Les Mots du Docteur Dahesh 

[4] -- Fasciné par ce poème symbolique du Docteur Dahesh, j’ai décidé de le traduire en français. Ce chef-d’œuvre m’a d’ailleurs inspiré et motivé pour me consacrer à traduire, en dépit de toutes les difficultés, toute l’œuvre littéraire du Dr Dahesh en mon humble français.

[5] - Les Mots du Docteur Dahesh

[6] -  Alfred de Vigny, Stello, GF, Paris, 1984, chap. VII, p. 47-48. 

[7]  - "Préface", Le Repos de la Mort, p. 8.

[8] - Les Mots du Docteur Dahesh, p. 149.

[9] - L'Accueil de l'an 1937, Souvenirs in Les Jardins, pp. 57-58.

[10] - Marie Hadad, Miracles du Docteur Dahesh et ses actes spirituels, Beyrouth, Annar Wannour, 1983, pp.

36-53. Cet ouvrage sera désigné par Miracles du Docteur Dahesh.

[11] - Rapport confidentiel No : 7/303, à la suite de l'enquête exécutée par le commissaire Fadel Azouri, le 3-12-1942, envoyé au Premier Procureur général. Cité in F. Zaatar, "Le Spiritisme dans le droit libanais et dans l'affaire Docteur Dahesh" in Lumières sur l'affaire Docteur Dahesh, P. 227. 

[12] - Marie Hadad, Les Miracles du Docteur Dahesh.

[13] - Ibidem, pp. 36-37.

[14]- Ibidem, p.36.

[15] - Cité in Marie Hadad, Miracles Du Docteur Dahesh, p. 38.

[16]- Consultez à cet égard Halim Dammousse, Les Miracles et les prodiges Dahéshistes extraordinaires, p. 105.

[17] - Correspondance du Docteur Dahesh avec le Dr Mohamed Hussein Haykal Pacha, Annisr Al-Muhallek, Beyrouth, 1979. 

[18] - ‘’Le crime des crimes ou l'horrible crime perpétré par le despote Béchara El Khouri’’, in Correspondance du Docteur Dahesh avec Dr Mohamed Hussein Haykal Pacha

[19] - Docteur Dahesh, Histoires extraordinaires et légendes merveilleuses, tome I, The Daheshist Publishing Co. Ltd, New York, 2011.

[20] - Un ouvrage à paraître, en deux volumes.

[21] - L'article 9 de la Constitution libanaise. Consultez égale­ment l'étude détaillée de Me F. Zaatar qui fait la lumière sur l'affaire Dahesh : "Lumières sur l'affaire Docteur Dahesh", in Op. Cit., PP. 242-248.

[22] - Cité in F. Zaatar, Op. Cit., p. 257. Cette lettre a été publiée en 1945 sous la forme d’un livre noir.

[23] - ‘’Le crime des crimes ou l'horrible crime perpétré par le despote

Béchara El Khouri’’, in Correspondance du Docteur Dahesh avec Dr Mohamed Hussein Haykal Pacha

[24] - Docteur Dahesh relate minutieusement ces événements très importants de sa vie dans deux ouvrages à paraître : Un Innocent en chaînes ou Journal du Prisonnier de la traîtrise et de la perfidie et L'Inspira­tion de la prison, du dépouillement, de l'Exil et de l'Errance.

[25] - Marie Hadad fait allusion aux complots impliquant le clergé dans l'Affaire du Docteur Dahesh dans un ouvrage intitulé : Les Miracles du Docteur Dahesh et ses actes spirituels, Annar Wannour, Beyrouth, 1983.

[26] - ‘’Le crime des crimes ou l'horrible crime perpétré par le despote Béchara El Khouri’’, in Correspondance du Docteur Dahesh avec Dr Mohamed Hussein Haykal Pacha.

[27] - Ibidem.

[28] - Les Mots du Docteur Dahesh

[29] - ‘’Le Crime du siècle’’, Le Mont des délices in Les Paradis des déesses sertis du nénuphar sacré, Annisr Al Muhallek, Beyrouth, 1980, pp. 103-106. Cf à cet égard l’étude légale détaillée de ce crime dans le livre de Me Khalil Zaatar, Le Crime du vingtième siècle, The Daheshist Publishing Co. Ltd, New York, 2018. 

[30] - Ibidem, pp. 105-106.

[31] - Ibidem; Cf également (Exode: 20, 5).

[32]  Ibidem.

[33] - ‘’Le crime des crimes ou l'horrible crime perpétré par le despote Béchara El Khouri’’, in Correspondance entre Dr Dahesh et Dr Haykal. Voir aussi les Voyages Dahéshistes, vol 12, pp 213-216.

[34] - Docteur Dahesh, Les Voyages dahéshistes autour du monde, vol. 12, pp 14-16, Daheshist Publishing Co Ltd, New Yourk, N. Y., 1992.

[35] - Docteur Dahesh, Les Voyages dahéshistes autour du monde, vol. 12, pp 14-16, Daheshist Publishing Co Ltd, New Yourk, N. Y., 1992.

[36] - Docteur Dahesh, Les Voyages dahéshistes autour du monde, vol. 12, pp 14-16, Daheshist Publishing Co Ltd, New Yourk, N. Y., 1992.

[37] - Docteur Dahesh, Les Voyages dahéshistes autour du monde, vol. 12, pp 14-16, Daheshist Publishing Co Ltd, New Yourk, N. Y., 1992.

[38] - Docteur Dahesh, Les Voyages dahéshistes autour du monde, vol. 12, pp 14-16, Daheshist Publishing Co Ltd, New Yourk, N. Y., 1992.

[39] - Docteur Dahesh, Les Voyages dahéshistes autour du monde, vol. 12, pp 14-16, Daheshist Publishing Co Ltd, New Yourk, N. Y., 1992.

[40] - Docteur Dahesh, Les Voyages dahéshistes autour du monde, vol. 12, pp 14-16, Daheshist Publishing Co Ltd, New Yourk, N. Y., 1992.

[41] - Docteur Dahesh, Les Voyages dahéshistes autour du monde, vol. 12, pp 14-16, Daheshist Publishing Co Ltd, New Yourk, N. Y., 1992.

[42] - Docteur Dahesh, Les Voyages dahéshistes autour du monde, vol. 12, pp 14-16, Daheshist Publishing Co Ltd, New Yourk, N. Y., 1992.

[43] - Docteur Dahesh, Les Voyages dahéshistes autour du monde, vol. 12, pp 14-16, Daheshist Publishing Co Ltd, New Yourk, N. Y., 1992. 

[44] - Docteur Dahesh, Les Voyages dahéshistes autour du monde, vol. 12, pp 14-16, Daheshist Publishing Co Ltd, New Yourk, N. Y., 1992.

[45] - Docteur Dahesh, Les Voyages dahéshistes autour du monde, vol. 12, pp 14-16, Daheshist Publishing Co Ltd, New Yourk, N. Y., 1992.

[46] - Docteur Dahesh, Les Voyages dahéshistes autour du monde, vol. 12, pp 14-16, Daheshist Publishing Co Ltd, New Yourk, N. Y., 1992.

[47] - Docteur Dahesh, Les Voyages dahéshistes autour du monde, vol. 12, pp 14-16, Daheshist Publishing Co Ltd, New Yourk, N. Y., 1992.

[48] - L'Accueil à l'an 1937, Souvenirs, in Les Jardins, p. 58.