Docteur Dahesh, écrivain et penseur visionnaire
Docteur Dahesh, éminent écrivain de la
langue arabe, personnalité distinguée dans le domaine de la réflexion et
fondateur d'une philosophie de vie unique, le Dahéshisme, naquit le 1er juin
1909 à Jérusalem, au sein d'une famille d'origine assyrienne et de foi
protestante évangélique.
Son père, Moussa Elias El Ashy,
exerçait la profession d'enseignant au sein de l'établissement qu’il avait
fondé à Esfes, un hameau historiquement situé au centre de la Mésopotamie,
désormais ancré en Turquie.[i]
En 1906, Monsieur El Ashy entreprit une expédition vers
la Palestine, en compagnie de son épouse, Madame Shmouneh Mrad Kanoun. Au
commencement de leur périple commun, le jeune couple s'installa à Bethléem
avant de choisir Jérusalem comme leur lieu de résidence principal. Au sein de
cette dernière cité, la famille El Ashy s'agrandit avec l'arrivée de trois
filles et d'un garçon prénommé Slayman, mais affectueusement appelé Salim.
À la suite d’un bref séjour à Haïfa, la
famille prit la décision, en 1911, de quitter la Palestine pour s'installer au
Liban, choisissant un quartier animé de l'ouest de Beyrouth.
La carrière du père El Ashy connut un essor significatif
au sein de l'imprimerie de l'Université américaine. Quant au jeune Salim, son
enfance ainsi que sa jeunesse se déroulèrent principalement entre le Liban et
la Palestine, avec une attention particulière accordée aux villes de Bethléem
et de Jérusalem.
À l'âge de onze ans seulement, Salim
fit l'expérience de la perte de son père à Beyrouth, un jour de décembre en
1920. Lui et sa sœur cadette, Antoinette, furent admis en tant qu’élèves
résidents à l'internat de l'orphelinat américain, implanté au cœur des collines
de Ghazir, au Liban.
Après une année 1921 fructueuse pour ce
brillant élève, Salim dut toutefois quitter l'orphelinat en raison de la
détérioration de son asthme. Il se rendit ensuite à Tripoli, au nord du Liban,
pour retrouver sa mère et sa sœur aînée, Jamila.
Après une courte période passée
auprès de sa mère, le jeune Salim fut envoyé à Jérusalem où il intégra
temporairement un établissement scolaire. Cependant, son état de santé fragile
se détériora rapidement, le rapprochant inexorablement du seuil de la mort.
En 1923, sa vitalité recouvra
progressivement son élan après une convalescence prolongée. Contraint cependant
d'abandonner ses études de manière permanente en raison d'une maladie chronique
et d’un problème financier auquel sa mère dut faire face après la guerre, le
jeune garçon se lança dans l'exploration et l'approfondissement de la langue
arabe.
Doté d'une passion intense pour la
poésie, la littérature et la philosophie, il assouvissait sa curiosité
insatiable en explorant les étagères des bibliothèques, s'appropriant avec une
grande intensité les ouvrages qu'il dévorait avec avidité.
Porté par un amour profond pour la
lecture, ce jeune autodidacte rencontra des compagnons de lecture parmi des
esprits tout aussi avides d'explorer les mots et les idées. D’ailleurs, dès le
début de son adolescence, Salim El Ashy fut profondément captivé par une
passion ardente pour les mots et l'écriture, les accueillant avec une ferveur
évidente, se consacrant entièrement à cette vocation littéraire.
À dix-huit ans, ce jeune prodige de la littérature
impressionnait son entourage par sa sensibilité romantique prononcée, son
lyrisme passionné et son imagination débordante. Il s'investissait pleinement
dans l'exploration passionnée de thèmes intemporels. Parmi ces éléments
figurent le sens de notre existence, la place de l'homme dans l'immensité du
cosmos, l'équilibre délicat entre la vie et la mort, les aléas du destin, la
recherche passionnée de la liberté, les tempêtes qui troublent la quiétude ainsi
que la violence des conflits, sans oublier les interrogations profondes sur le
divin et l'au-delà.
Sa réputation grandissait comme un
secret bien gardé, nourrie par ses compétences mystiques, ses idées innovantes
et son charisme inné, attirant de plus en plus de disciples à lui. Les
autorités ecclésiastiques étaient troublées par la présence de ce jeune homme
charismatique dont les idées subversives, exprimées avec conviction, trouvaient
un écho important parmi la jeunesse de Jérusalem et de Bethléem.
Dès son jeune âge, Salim El Ashy
ressentait profondément qu'il était investi d'une mission spirituelle et qu’il devait
la révéler en temps opportun, sous l'égide de l'inspiration de l'Esprit
suprême. En s'engageant dans cette mission, il dévoila son secret:
Je
perçois, en mon fort intérieur, la résonance intense d'énergies spirituelles
invisibles, prêtes à se manifester pour accomplir une mission fondamentale qui
demeure en moi, en attente de son moment opportun pour se réaliser. Soudain,
les énergies latentes se manifesteront avec une intensité équivalente à celle
d'une cascade déchaînée, balayant sans aucune retenue les obstacles et les
défis qui se présenteront sur leur parcours. Ensuite, elles se révéleront à
chacun de manière claire et évidente, sans équivoque ni ambiguïté. [ii]
C'est ainsi que le jeune esprit
brillant et écrivain critiquait régulièrement le clergé, l'accusant d'exploiter
la foi chrétienne pour exercer un contrôle sur les populations et de s'être
écarté des valeurs nobles prônées par le Christ. Souvent marginalisés et
ignorés, les dignitaires religieux demandèrent l'intervention des autorités en
Palestine. Ils les encouragèrent à agir promptement pour contrer les actions de
cet intellectuel de renom, dont la volonté de diffuser des idées
révolutionnaires teintées de spiritualité fut perçue comme une menace pour la
jeunesse.
De fait, le clergé engagea en 1927
une lutte intense et méthodique contre cet esprit brillant. Il sut sensibiliser
les esprits à ses idées novatrices, décourager ceux qui louaient son
intelligence, sa réflexion et son charisme, et n’hésita pas à utiliser la
diffamation pour discréditer sa réputation.
Malgré les mises en garde répétées
émanant du clergé, le jeune Salim Moussa El Ashy parvint à nouer des liens avec
des jeunes en quête de sa direction spirituelle. Un groupe d'individus
distingués, fervents défenseurs de sa philosophie, se rassembla autour de lui,
formant ainsi le noyau fondamental de ses disciples.
Malgré son profond attachement à
Beyrouth en tant que lieu de résidence, Docteur Dahesh ressentait un
irrésistible appel à se rendre en Palestine. C'est ainsi qu'il séjourna pendant
un certain temps à Jérusalem, accompagné de ses disciples, parmi lesquels se
trouvaient le poète Motlak Abdel Khalek et l'homme d'affaires Tawfiq Al Esrawi.
En 1935, il dut affronter la
douloureuse épreuve de perdre ses deux amis et disciples, deux compagnons
précieux qu'il honora à travers des élégies empreintes d'une profonde
sincérité, offrant ainsi un hommage éloquent à leur mémoire.
À un moment charnière de l'année
1937, une décision cruciale s'imposa à lui: renoncer définitivement à la terre
de Palestine afin de rechercher un lieu permanent de résidence à Beyrouth, au
Liban, en compagnie de sa mère et de ses sœurs.
À partir des années 1930, le jeune
Salim entreprit un voyage épique, parcourant simultanément les régions
européennes et les territoires arabes. En réalité, il reconnaissait que ses pas
et ses gestes étaient guidés par une inspiration divine. Il est donc pertinent
d'analyser ses déplacements à la lumière de son projet messianique.
À l'aube de sa vingtième année, il
fut honoré du titre de Dahesh, une appellation évoquant l'exceptionnelle
essence de celui capable de captiver le monde par ses réalisations spirituelles
remarquables. C'est sous l'appellation de Docteur Dahesh que sa réputation
commença à se développer.
Dès sa jeunesse, Docteur Dahesh se
démarquait par son génie exceptionnel et son don spirituel, lui permettant
d'accomplir des prodiges. Ces réalisations exceptionnelles visaient à démontrer
l'existence de Dieu, l'immortalité de l'âme et la légitimité de son message
spirituel, ce qui lui valut le soutien fervent de ses disciples et de son
cercle proche.
Après un travail assidu, ce
passionné de savoir acquit une érudition remarquable. «Les livres sont pour
moi ce que le vin est pour les buveurs ! Cependant, plus j'approfondis ma
lecture, plus je gagne en lucidité », affirme-t-il avec une certaine fierté.
[iii]
Sa grande passion pour les mots,
qu'il assimilait avec une forte avidité et qu'il travaillait avec dévouement,
commençait à donner des résultats. Ainsi, durant la période s'étalant de 1927 à
1933, il parvint à donner vie à trois ouvrages remarquables de prose poétique :
Les Secrets des Dieux, La Lyre des Dieux et Le Repos de la
Mort.
Dans ses deux premières créations
littéraires, Docteur Dahesh dévoile pleinement les élans de son âme ainsi que
ses émotions lyriques. Il exprime ses sentiments à travers des poèmes en prose
authentiques, où la simplicité, la retenue et la clarté se mêlent à la grâce, à
la sincérité, à la proximité, à l’harmonie et à l’élégance, pour créer une
symphonie de tonalités et de nuances, reflétant ainsi l’essence de son être,
assoiffé de Beauté et désireux de cheminer vers Dieu.
D’ailleurs, Docteur Dahesh était
reconnu comme l’un des précurseurs de la prose poétique dans le paysage
littéraire arabe du début du 20ᵉ siècle.
Tout comme le talentueux écrivain Khalil Gibran, il se distinguait par sa
parfaite maîtrise de ce style d'écriture novateur, s'appliquant brillamment à
explorer ses divers aspects pour exprimer ses émotions et ses pensées les plus
profondes. Libéré des conventions dépassées de la poésie de son époque, il
maniait les mots avec une audace incomparable pour exprimer ses pensées.
Aux côtés du poète et philosophe
Khalil Gibran, Docteur Dahesh était également reconnu comme un pionnier d'un
courant romantique en plein essor dans la littérature arabe, dans un contexte
marqué par l’émergence d’un mysticisme spirituel fascinant. Dès ses débuts dans
le domaine littéraire, le jeune écrivain manifestait également, à l’instar de
Khalil Gibran, une profonde solitude morale, en écho à la solitude
caractéristique du poète ou du génie romantique en Europe. Il déclarait: "Je
suis étranger en ce monde et combien j’aspire à cette heure où je ferai retour
à ma véritable patrie !"[iv] Il exprimait fort son sentiment
d’isolement et mettait en lumière sa solitude, à l'instar de Vigny dans son
ouvrage emblématique Stello. La solitude particulière de Docteur Dahesh
s'intensifiera progressivement et de façon régulière à travers une série
d'ouvrages en prose poétique, jusqu'à sa fin.
Au fil de sa carrière littéraire,
marquée par une profonde dimension lyrique, on peut répertorier une
cinquantaine de recueils parmi lesquels se distinguent des titres tels que Le
Cœur brisé, L’Enfer des souvenirs, Sentiments et tempête, Flèches
et lances, Les Illusions éphémères, Les Songes terrestres, La
Lyre des Peines, L'Inspiration de la Captivité et du Dénudement, de
l'Exil et de l'Errance, Les Labyrinthes, Les Supplications
humbles, Le flot des larmes, Les Jardins des dieux, ornés des
Roses du Paradis, ainsi que Les Paradis des Déesses, sertis du Nénuphar
Sacré, Le Chant de l'Amour, et bien d'autres encore.
Ces ouvrages littéraires de Docteur
Dahesh sont de véritables chefs-d’œuvres éclatants, empreints d'une harmonie
majestueuse et expriment les émotions de l’auteur tout en laissant
transparaître son dessein messianique. En soulignant l’évanescence des préoccupations terrestres, cette littérature met en
avant la célébration de l'amour idéal, prône le retour aux valeurs de l'âme et
exalte la nature, perçue comme une œuvre divine d'une beauté incomparable. Ces
écrits oscillent entre une profonde mélancolie teintée de tristesse et une
exaltation empreinte de joie. Ils expriment de cette manière la douleur d'un
esprit éclairé, qui éprouve un sentiment de séparation de son royaume céleste,
loin de la béatitude divine tant désirée, et qui ne parvient pas à retrouver le
bonheur idéalisé que par un retour à la félicité suprême de Dieu.
Docteur Dahesh est ainsi profondément
immergé dans un environnement marqué par un engagement constant, évoluant au
cœur d'une vallée de tristesse, aspirant ardemment à accéder à un royaume
divin, à un univers immatériel: cette dualité accentue sa tristesse tout en
ravivant sa nostalgie de l'au-delà.
Cette création poétique célèbre donc
la danse perpétuelle de l'univers, soulignant le caractère éphémère de toute
forme d'existence, incluant les liens humains tels que l'amour, l'amitié et la
fidélité. En contrepartie, elle rend hommage à Dieu en tant que source de toute
beauté, de toute bonté, de toute vérité et en tant que souverain de l'éternité.
Elle met enfin en évidence la subtile domination du Mal qui soumet l'âme à
l'influence oppressante de la chair, du matérialisme, de l'avidité, de la
gloire éphémère, et ainsi de suite…
Outre ces poèmes envoûtants, Docteur
Dahesh s'investit avec une passion profonde dans les subtilités de la
philosophie. En plus de ses préfaces et de ses lettres adressées aux lecteurs,
il créa des recueils de pensées concises dans le style de La Rochefoucauld ou
de La Bruyère : Les Mots de Docteur Dahesh, Éclairs et Tonnerres,
ainsi que Le Glaive Tranchant.
Convaincu de la force évocatrice des récits et persuadé
de l'importance du récit, il créa des contes et des narrations qui reflétaient
sa vision du monde, mêlant réalité sociale et spiritualité, à travers des
ouvrages tels que Mémoires d'un Dinar, Histoires extraordinaires et
légendes merveilleuses. En même temps, il s'engagea dans la rédaction des Mémoires
de Jésus de Nazareth, un récit captivant dépeignant la vie de Jésus-Christ,
de ses premières années à une période plus énigmatique de son adolescence.
Porté par un désir insatiable de percer les mystères de
l'au-delà, des enfers aux paradis, il se lança dans la création de deux
ouvrages majeurs : L'Enfer de Docteur Dahesh et Le Paradis.
De plus, il créa des récits majestueux et grandioses imprégnés d'un symbolisme
dense et fascinant, tels que Le Repos de la mort, Les Six Déesses,
Adonis et Ashtarot.
À travers ces récits, il exposa son
ambition messianique tout en décrivant les contours de sa vision littéraire. En
effet, dès les premières pages de l'ouvrage intitulé Le Repos de la Mort,
il exposa de manière explicite sa conception poétique. Docteur Dahesh soutenait
qu’il écrivait au service de la Vérité, assimilée à la Divinité, où la Beauté
et l'Amour brillent comme le reflet de cette Vérité céleste. Avec une
conviction inébranlable, il déclara :
Qui saisit le sens de la Beauté a certes réalisé
des progrès notables dans sa compréhension des mystères de l’Éternité et de
l’Immortalité.[v]
Docteur Dahesh explorera cette
esthétique en soulignant l'influence significative de l’écriture sur la
société. Mémoires d'un Dinar, véritable pilier social, ainsi que les Histoires
étranges et légendes merveilleuses, se révéleront comme des témoignages
saisissants de cette réalité.
Guidé par un esprit avide
d'exploration et de connaissance, Docteur Dahesh entreprit un périple autour du
globe, rédigeant ainsi un compte rendu minutieux de ses observations. Les
Voyages dahéshistes autour du monde, une vaste fresque littéraire en une
vingtaine de tomes, mettent en lumière les modestes pérégrinations de leur
auteur, captant son essence et offrant un regard singulier sur les diverses
facettes de la vie au cours du 20ᵉ siècle.
C’est le récit d'un sage, le témoignage d’un philosophe parcourant la vie avec
éloquence, observant chaque instant avec une sincère admiration.
Par conséquent, les créations littéraires
de Docteur Dahesh, imprégnées de sa vision artistique singulière, visent à
insuffler une nouvelle vitalité à l'humanité en révélant les vérités
spirituelles fondamentales. Ces expériences ont le pouvoir de guider l’homme
vers une rencontre avec le divin et de restaurer en lui la joie qui lui
manquait.
En effet, Docteur Dahesh communique
avec subtilité dans ses écrits des réponses à nos préoccupations métaphysiques,
qui conservent une pertinence intemporelle. Il s'applique avec détermination à
élucider le rôle de l'humanité et des êtres vivants au sein des différents
univers qui les entourent.
En parallèle, cet ardent défenseur
de la Vérité absolue expose de façon concrète et méthodique sa philosophie
spirituelle à travers les miracles dahéshistes. Comme précédemment évoqué,
Docteur Dahesh possédait un don spirituel d'une singularité exceptionnelle,
véritablement unique en son genre. En effet, tout au long de son existence, il
accomplit des prouesses remarquables, et j’eus le privilège d'en être le
témoin. Les actes spirituels qu'il menait se présentaient comme un spectacle
vivant illustrant sa mission divine envers l'humanité, offrant ainsi une
démonstration concrète de l'existence d'un Créateur tout-puissant et confirmant
l'immortalité de l'âme. Il admet en outre qu’après la mort, tout individu, ou
plutôt tout être dans toute sa diversité la plus entière, devait renaître pour
s'épurer et, en fin de compte, se fondre dans l'essence même de la Puissance
créatrice suprême.
Comme nous l’avons déjà mentionné,
Docteur Dahesh accepta avec dévouement son rôle de messager divin en diffusant
les principes de la foi authentique parmi la jeunesse de Bethléem et de
Jérusalem. Il l’encouragea à approfondir son engagement religieux, à vivre
pleinement sa foi en se référant à des textes sacrés interprétés de manière
éloquente. Aussi, il profitait de chaque opportunité pour critiquer le clergé,
le blâmant sans réserve pour avoir omis l'essence même de la foi. Les membres
du clergé firent rapidement pression sur les autorités locales pour qu'elles
arrêtent la propagation des idées syncrétiques de Salim, le jeune, considéré
comme une menace pour leur propre doctrine. Cela nous amène à souligner que ce
jeune auteur audacieux dut aussi affronter non seulement l'opposition du clergé
chrétien en Palestine, mais aussi subir des pressions lors de son séjour au
Liban.
En effet, dès 1936, Docteur Dahesh
commença à évoquer une mission céleste dont il se sentait investi, puis il en
fit état publiquement l'année suivante. En s’exprimant de manière claire et
sans équivoque, il affirma son engagement à mener à bien une mission d'une
importance cruciale. En réalité, il fit
le
serment solennel devant le Tout-Puissant de mener à bien la mission qui lui
avait été assignée, affrontant avec courage tous les obstacles et défis
susceptibles de freiner la propagation de ses idées révolutionnaires,
empreintes de spiritualité.[vi]
Doté d'une volonté inébranlable pour
franchir les obstacles rencontrés depuis sa tendre enfance, il se tourna vers
le divin, sollicitant sa direction pour accomplir son destin, malgré les
multiples contraintes et défis qui se dressaient devant lui. Il avoua
ainsi :
Je jure solennellement
par Toi, ô mon Créateur! Peu importe le nombre de faux apostats ou de traîtres
hypocrites, peu importe la quantité de documents écrits ou de pierres gravées
prétendant que ma Mission n'est pas authentique, je persisterai à avancer avec
fierté et dignité. Je m'engage à défendre et à encourager ma mission jusqu'à ce
qu'elle soit largement diffusée sur Terre et qu'elle s'étende également dans
les cieux. Avec Ton soutien et grâce à Ta Force Divine, ô Dieu, nul être
terrestre ne saurait me faire obstacle dans cette entreprise ! [vii]
C'est en ce lundi 23 mars 1942 que
Docteur Dahesh annonça solennellement, à Beyrouth, le début de sa noble mission
spirituelle : le Dahésisme.
La nouvelle doctrine suscita un vif intérêt parmi de
nombreux intellectuels du Liban. Attirés par la lumière envoûtante des
enseignements spirituels de Docteur Dahesh, Halim Dammousse, poète des mots et
des idées, Dr Georges Khabsa, éminent spécialiste en dermatologie et professeur
émérite à la Faculté de médecine de l'Université Saint-Joseph, Dr Farid Abou
Sleiman, expert renommé en médecine légale, Marie Haddad, figure emblématique
de la créativité en tant que présidente de l'Ordre des artistes libanais, artiste
visionnaire et femme de lettres d’une plume enchanteresse, accompagnée de son
époux Georges Haddad, prospère entrepreneur et consul honorifique de la
Roumanie au Liban, ainsi que leurs descendants et d'autres personnalités
éminentes de la pensée libanaise, se rallièrent tous aux enseignements de
Docteur Dahesh.
Parmi les invités figuraient aussi
Maître Edouard Noun, un ancien ministre, ainsi que Maître Dimitri El Hayek,
alors en poste en tant que premier procureur général du district de Beyrouth.
Après avoir vigoureusement rejeté les accusations portées contre Docteur Dahesh
faute de preuves, Maître El Hayek se retrouva, de façon ironique, à devenir
l'un de ses disciples les plus dévoués le 23 mai 1942.
La Mission Dahéshiste provoqua des
troubles au sein de l'Église catholique en raison du grand nombre de ses
adeptes issus de cette confession. L'engagement important de l'élite
intellectuelle libanaise dans cette quête spirituelle révolutionnaire suscita
des préoccupations particulières. Le clergé libanais avait déjà montré un vif
intérêt pour le clergé palestinien, car il était largement reconnu que Dahesh
avait des opinions défavorables envers l'institution religieuse, une réputation
fondée sur des preuves solides.
Afin de réprimer ce nouveau
mouvement de pensée spiritualiste, les membres du clergé jésuite commencèrent à
ourdir des complots contre son fondateur. En utilisant l'appareil
gouvernemental, ses institutions et certains médias, ce clergé entreprit de
discréditer Docteur Dahesh et de le persécuter afin d'empêcher la diffusion et
l'enracinement de ses idées au sein de la société libanaise.
Pour contrer la montée en puissance
de ce courant spirituel émergent, les jésuites complotaient aussi secrètement
contre le prophète à l'initiative de ce mouvement. En utilisant l'autorité
coercitive de l'État, ses institutions et quelques rédacteurs engagés, ils
lancèrent une campagne pour ternir la réputation de Docteur Dahesh et le
persécuter, craignant que ses idées ne se propagent et ne s'enracinent
davantage dans la société libanaise.
Alors que ce courant spirituel
influençait les mentalités en abolissant les barrières entre les différentes
croyances, il parvint à attirer une proportion importante de l'intelligentsia
libanaise et arabe, les encourageant à se plonger dans l'exploration de la
philosophie dahéshiste. En réalité, l'Église catholique s'employa à réprimer ce
nouveau courant intellectuel incarné par le Dahésisme. Elle était contrainte de
reconnaître sa cuisante défaite dans sa tentative de maintenir Docteur Dahesh à
distance de ces personnalités influentes, en particulier des Haddad dont elle
bénéficiait grandement.
À cet instant précis, le clergé
lança une offensive contre Docteur Dahesh au sein des églises, ce qui poussa le
gouvernement à envisager son expulsion du Liban. Avec une expertise digne d'un
artisan d'art, Marie Haddad tissa les mots pour dévoiler un récit captivant et
explorer en profondeur la personnalité fascinante de Docteur Dahesh dans l'une
de ses œuvres littéraires. [viii]
Devant l'opposition persistante de la famille de Madame
Marie Chiha Haddad, sœur de Michel Chiha et belle-sœur de Béchara El Khouri, à
renoncer au Dahéshisme malgré les nombreuses tentatives de persuasion, l'Église
se tourna vers d'autres membres de leur entourage. Parmi ces individus, Michel
Chiha et son beau-frère Henri Pharaon, deux personnalités fanatiques, furent
sollicités. En réalité, cette organisation religieuse encourageait vivement ces
deux personnalités à utiliser tous les moyens possibles pour ramener leurs
parents sous son empire.
Après avoir essuyé des revers, Michel Chiha et Henri
Pharaon, ressentant une certaine déception, décidèrent, avec le soutien de
l'Église, de lancer une offensive médiatique, notamment à travers les colonnes
d'Al Bachir, le journal jésuite. Ils cherchaient à contraindre le
gouvernement à interdire la pensée dahéshiste et à exiler Docteur Dahesh hors
du Liban.
Lors de son interrogatoire mené par
le commissaire Fadel Azouri, le directeur du journal jésuite Al Bachir
reconnaît clairement les accusations portées contre lui. Albert Abella exposa
de manière concise les raisons qui le poussaient à mener sa croisade contre les
dahéshistes. Il avoua avoir engagé ce combat contre Docteur Dahesh et ses
disciples intellectuels, notamment parce que les élites et les esprits éclairés
du pays commençaient à le percevoir comme un guide spirituel.[ix]
Selon les affirmations du directeur
du journal jésuite, l'Église catholique libanaise s'employait activement à
contrecarrer la diffusion des idées de Docteur Dahesh, redoutant qu'elles ne
portent atteinte à son autorité et ne compromettent ses sources de financement
cruciales.
Marie Haddad exposa les raisons qui ranimèrent la haine des hommes de religion catholique et
leurs supérieurs à l’égard de Docteur Dahesh. [x] Au fil des pages d'une chronique
historique captivante, la présidente de l'Ordre des artistes examina de manière
approfondie les motivations qui avaient incité des personnalités éminentes de
l'intelligentsia libanaise à se pencher sur les enseignements spirituels de
Docteur Dahesh. Ce dernier, confirme-t-elle, ne ravit pas seulement au giron du Catholicisme notre
famille et notre gendre, un catholique, mais aussi:
Docteur Georges Khabsa, Docteur Farid Abou Sleiman,
Docteur Najib El Ashy et bien d’autres qui sucèrent avec le lait le dogme
catholique et qui grandirent puis vieillirent, ne croyant qu’à ce que le clergé
de Rome et leurs représentants en Orient leur inculquèrent. [xi]
En 1942, Madame Haddad s'investit
dans l'étude de l'univers mystérieux du Dahéshisme, plongeant profondément dans
la complexité des événements ayant mené à la persécution systématique de
Docteur Dahesh par l'Église et les autorités gouvernementales, mettant ainsi en
lumière leurs sombres conspirations :
L’Église catholique, ou
bien ceux-là qui dirigent l’Église d’entre les pères ‘spirituels’ ainsi qu’ils
se nomment eux-mêmes, profitait abondamment et largement de l’argent de notre
famille. Or, en rejetant le Catholicisme qui enchaînait nos cous, en nous
dépouillant de son joug et en adoptant la Religion Dahéshiste, nous cessâmes de
donner de l’argent au clergé catholique, comme par le passé. [xii]
Malgré les multiples efforts
déployés par le clergé catholique pour persuader les Haddad et d'autres
personnalités de se désolidariser de Docteur Dahesh et de ses enseignements, ses
tentatives se révélèrent vaines, tant s’en faut. Ses efforts renforcèrent en
effet la foi des disciples et contribuèrent à consolider leurs liens d'amitié
avec leur guide spirituel. Le clergé et les proches de la famille Haddad
entreprirent alors une démarche diplomatique particulière auprès du
gouvernement du président libanais Alfred Naccache. Leur objectif était de
contrer l'influence de Docteur Dahesh au Liban, en soutenant que ses idées
compromettaient l'équilibre préétabli.
Par suite de l'examen des recommandations
éclairées émises par le chef de la police Ezzeddine El Omari, le président
Naccache rejeta catégoriquement leur requête. Lors de son allocution adressée à
son Excellence le président Naccache, M. El Omari mit en lumière une découverte
remarquable :
D'un point de vue
juridique, il est inconcevable de considérer la possibilité d'extrader Docteur
Dahesh du Liban en raison de sa nationalité libanaise. Par ailleurs, d'un point
de vue juridique, je n'ai relevé aucun élément significatif justifiant le déclenchement
d'une action en justice. En ce qui concerne la confiance des individus en lui,
cela ne relève pas de notre domaine de compétence. L'interdiction de cette
conviction s'avère complexe, ses partisans provenant de l’élite intellectuelle
du pays, incluant des écrivains, des poètes, des avocats, des juristes, des
médecins, des hommes d’affaires ainsi que des personnalités éminentes.[xiii]
Ce rapport engendra une profonde
consternation au sein de l'Église catholique et provoqua une grande tristesse,
notamment, parmi les proches des Haddad. Ces révélations affectèrent
particulièrement des personnalités influentes, qui participèrent fortement à
l'établissement du confessionnalisme politique au Liban et en bénéficièrent
largement, tels Henri Pharaon, son beau-frère Michel Chiha et la sœur de ce
dernier, Laure Chiha, l'épouse de Béchara El Khouri.
Lors d'un moment historique
significatif le 21 septembre 1943, Béchara El Khouri, farouche opposant de
Docteur Dahesh et allié du clergé, fut élu président de la République
libanaise. À peine trois semaines après son accession au pouvoir, il commença à
contrarier le fondateur du Dahéshisme ainsi que ses disciples. De prime abord, il
lança une campagne médiatique diffamatoire à l'encontre de cet intellectuel
libanais, préparant ainsi le terrain pour que le public accepte les manœuvres
illégales habilement orchestrées contre lui. Par la suite, il ourdit en
coulisses des complots contre Docteur Dahesh, comme en témoignent des dossiers
gouvernementaux classés secrets, remis en main propre à ce dernier le 14
décembre 1943. [xiv]
Dès que le chef de l'État lança ses
initiatives, sa belle-sœur, Madame Marie Chiha Haddad, lui envoya rapidement
une lettre cinglante dénonçant ses actions illégales ainsi que sa ferme volonté
d’impliquer Docteur Dahesh à tout prix.
La présidente de l'Ordre des
artistes lui rappela discrètement que la constitution libanaise garantit avec
vigilance la liberté de culte, de pensée et d'expression. Elle l'incita en
conséquence à cesser ses activités illégales, à abandonner les enquêtes douteuses
et à favoriser le recours à la justice pour régler les différends, plutôt que
de se livrer à des manœuvres clandestines. En parfaite conformité avec la
Constitution libanaise, qui garantit la protection des libertés individuelles,
Docteur Dahesh n'avait enfreint aucune disposition légale.[xv]
Cependant,
Béchara El Khouri et son équipe, appuyés par des personnalités ecclésiastiques
et des individus aux idées extrêmes, continuaient leurs actions avec une
détermination inébranlable. Leur but demeurait explicite : ils cherchaient
par tous les moyens à faire taire Docteur Dahesh et à le contraindre à quitter
le Liban, afin de freiner la propagation rapide de ses idées spirituelles au
sein des milieux intellectuels éminents.
Néanmoins, en dépit de leurs
multiples efforts, les investigations discrètes lancées par le président en
exercice ne firent que confirmer l'influence de Docteur Dahesh. En réalité, ce
dernier n’évita pas seulement toute action répréhensible, mais il adopta
également un comportement exemplaire. Il semblait être un fervent défenseur de
la constitution, appliquant strictement ses principes.
Une nouvelle fois, ses opposants
furent vaincus de façon éclatante, ce qui exacerba leur frustration et les
incita à recourir à des tactiques déloyales. En effet, avec la participation de
son épouse Laure Chiha, de son frère Michel Chiha, de leur beau-frère Henri
Pharaon, de Habib Abou Chahla, son ministre de la Justice, ainsi que de
quelques extrémistes politiques, Béchara El Khouri organisait en secret, le
matin du 28 août 1944, l'envoi de huit bandits pour éliminer Docteur Dahesh
dans sa résidence. Cependant, leur entreprise malveillante aboutit à un échec
retentissant.
Lorsque Docteur Dahesh sollicita
l'intervention des autorités pour le secourir, il fut grandement surpris de
découvrir le sombre complot ourdi par les instances dirigeantes. En réalité,
tout comme toutes les autorités judiciaires contemporaines, c’étaient les forces de l'ordre, intervenant pour
mettre fin à ces agissements, qui combinaient cette manigance en secret.
Docteur Dahesh, dans son récit
intitulé Une vision effrayante se réalise, avait déjà décrit avec
une intensité palpable cet événement perturbant quelques semaines avant son
arrivée et avant son arrestation cavalière par les autorités le 10 juillet
1944. De fait, c’est sous la supervision
bienveillante et le soutien du commissaire de police Mohamed Ali Fayade que les
criminels n'avaient pas hésité à attaquer leur cible, défiant ainsi l'autorité
des forces de l'ordre qui surveillaient la scène avec une grande vigilance,
avoue-t-il.
Les manigances malveillantes ayant
provoqué ce drame furent méticuleusement exposées dans un ouvrage que la
victime innocente consacra entièrement à cet événement tragique. Un Innocent
Emprisonné, ou les Mémoires du Captif de la perfidie et de la ruse, met en
relief tous les incidents de cette affaire, considérée comme l’affaire du
siècle.
Force est de constater qu’après
l'analyse des documents judiciaires concernant l'Affaire Dahesh, le
président de la République, Béchara El Khouri, avait agi de façon secrète et en
violation de la loi en vigueur en privant injustement Docteur Dahesh de sa
citoyenneté libanaise dès son arrestation, organisant ainsi son expulsion du
territoire. De fait, il procéda à l'exiler du Liban sans passer par un jugement
ni demander l'avis du Parlement, en promulguant simplement deux décrets
présidentiels qui violaient clairement la constitution libanaise, laquelle
assure la liberté de culte sans aucune restriction. [xvi]
Deux jours après l'arrestation
arbitraire de Docteur Dahesh, le 30 août 1944, Marie Haddad entreprit de
rédiger une lettre empreinte de passion à l'intention de sa sœur, l'épouse du
président libanais Béchara El Khouri. Elle la pria instamment de dissiper ce
malentendu et d'abandonner leur dessein néfaste de persécuter un homme
innocent. Madame Haddad, restant attachée aux principes de sa famille dans la
tradition dahéshiste, tenait à souligner que son soutien ne devait en aucun cas
être perçu comme une désapprobation envers Docteur Dahesh. Elle formulait des
critiques acerbes envers l'autorité de ses parents, tout en ressentant une
certaine compassion à leur égard.
Je tiens à exprimer
avec vigueur mon indignation face à l'injustice tyrannique que vous perpétrâtes,
sous le regard de Dieu et de l'ensemble de l'humanité. Après vingt années de
lutte acharnée pour accéder à la présidence, elle se présente enfin à vous tel
un précieux aboutissement. Vous avez finalement atteint votre objectif ;
cependant, il s'est avéré être une victoire à la saveur amère, plongeant votre
existence dans les abysses les plus sombres. Si vous n’arriviez point à cette
position ! Car elle vous impose de nombreuses responsabilités qu’il vous sera
impossible d’assumer avec honneur. Vous avez ainsi pris la décision de vous
couvrir d'une infamie perpétuelle, et j'aurais volontiers sacrifié ma vie à
maintes reprises pour vous dissuader de commettre cet acte odieux!
Elle termine sa lettre avec une
telle intensité que l'on pouvait sentir une menace implicite planer dans l'air,
exigeant que Docteur Dahesh, injustement dépouillé de ses droits, doive
recouvrer sa liberté bafouée avant qu'il ne soit trop tard. Restituez à Docteur Dahesh la liberté qui lui
a été indûment retirée,
insista-t-elle.[xvii]
Les autorités libanaises
persistèrent dans leur comportement impitoyable en infligeant davantage de
souffrances à un détenu qui ne demandait rien d'autre que l'abandon de toutes
les accusations portées contre lui. Le 9 septembre 1944, Béchara El Khouri prit
la décision autoritaire et présomptueuse d'exiler Docteur Dahesh en Syrie, en
collaboration avec le préfet d'Alep en Syrie, avec le clergé chrétien libanais et
avec le soutien inattendu du clergé
musulman, ainsi que des personnalités politiques libanaises, après lui avoir
retiré sa citoyenneté libanaise de manière subreptice et illégale.
Plutôt que de se soumettre à la
pression implacable de la persécution, Docteur Dahesh fit preuve d'une patience
inébranlable et d'une persévérance résolue, s'engageant ainsi dans une lutte
acharnée et légitime contre ses oppresseurs. Dès son retour clandestin d'exil,
le 9 octobre 1944, il décida d’utiliser la plume pour s'opposer à ses
oppresseurs, bravant une époque où les journalistes et les écrivains étaient
soit réduits au silence, soit soumis à l'influence du pouvoir en vigueur, qu'il
soit politique ou religieux. Depuis le sein de sa
résidence, en observant le palais présidentiel, Docteur Dahesh menait une lutte
acharnée contre ceux qui cherchaient à le soumettre. Il formulait des critiques
acerbes et novatrices à l'égard de la presse libanaise, lui reprochant d'avoir
manqué à son devoir en s'alliant au régime autoritaire. Une critique virulente
s’élevait à l'encontre des journalistes, ainsi qu'à l'égard des dirigeants et
des responsables libanais, qui étaient accusés d'avoir sérieusement failli à
leurs obligations.
Il est regrettable que Docteur
Dahesh, en tant que personne opprimée, ait vainement cherché à trouver un
protecteur parmi les représentants du pouvoir, qu'il s'agisse de députés, de
ministres, de juges ou d'avocats. La presse suivait une trajectoire similaire.
Afin de gagner la faveur de Béchara El Khouri et de défendre leurs intérêts
financiers, les journalistes décidèrent de mener une campagne agressive contre
Docteur Dahesh. Ils créèrent des histoires imaginaires qu'ils lui attribuèrent
immédiatement sans la moindre hésitation. Docteur Dahesh avoue à cet égard :
J’affirme, avec un grand regret,
qu’aucun député ni ministre ni juge ni avocat ne plaidèrent en faveur de Dahesh
l’opprimé. Il en était de même de la presse. Pour plaire à Béchara
El Khouri et pour attirer sa bienveillance afin de satisfaire à leurs
intérêts pécuniers, les journalistes se mirent à attaquer sévèrement Docteur
Dahesh, inventant des histoires dénuées de vérité, qu’ils lui imputaient sans vergogne.[xviii]
Bénéficiant du soutien indéfectible
de ses partisans dévoués, qui firent preuve de bravoure face aux persécutions,
aux emprisonnements et aux souffrances, Docteur Dahesh s'impliqua pleinement
dans un combat acharné contre le chef d'État qui l'exila et lui retira sa
citoyenneté.
Dès son retour clandestin d’Alep à Beyrouth, il se mit à dénoncer vigoureusement l'odieux
acte perpétré à son encontre par les représentants de l'État, agissant sous
l'autorité de leur chef et de ses acolytes. [xix] N'étant pas en mesure de répondre à
ses oppresseurs par le biais des médias, il décida d'opter pour une stratégie
audacieuse : la rédaction d'une vaste et impressionnante collection de textes
incisifs, d’écrits critiques. Soixante-six « livres noirs » et cent soixante-cinq pamphlets
furent ainsi diffusés parmi la population libanaise et au-delà, parvenant même
aux confins des territoires arabes.
Ces écrits exposaient
les raisons de sa souffrance, mettant en lumière la campagne menée par le chef
de l'État, l'Église catholique et leurs partisans à son encontre. Ils
dévoilèrent pleinement les intrigues politiques, financières et morales des
hommes politiques ainsi que de certains membres du clergé. [xx]
Dans son examen approfondi de la
corruption politique sévissant alors au Liban, le prestigieux journal français Le
Monde qualifia le président libanais, Béchara El Khouri, de « seigneur
du Liban », mettant en lumière son avidité insatiable pour les ressources
nationales. De plus, cet entrepreneur avide de richesses s'adonnait, en
collaboration avec son frère, à un trafic illégal de stupéfiants, une pratique
que les citoyens du Liban ne pouvaient ignorer.
Ces documents compromettants
secouèrent le pouvoir de Béchara El Khouri en révélant notamment ses pratiques
scandaleuses et ses ambitions démesurées, le rendant ainsi vulnérable aux yeux
de la population. Le peuple, dans un grand tumulte, déposa avec dédain le
« roi de son trône » le 18 septembre 1952. Les paroles de
Docteur Dahesh résonnent comme une mélodie envoûtante :
Les Libanais, fatigués des manigances récurrentes de
Béchara El Khouri et de sa famille, optèrent en définitive de mettre un terme à
cette situation. De manière unanime, ils manifestèrent leur opposition totale
envers le président. Ils livrèrent contre lui un combat acharné, réduisant en
cendres son trône, écrasant son autorité, pulvérisant son pouvoir et
anéantissant son royaume. [xxi]
Le
fondateur du Dahéshisme mit en lumière le destin tragique d'un despote
présidentiel déchu en ces termes :
Le peuple le destitua
sans pitié de sa position élevée ! Par la suite, il fut contraint à l'exil,
condamné à errer sans but, de manière incessante. Au-delà de ces
considérations, Béchara El Khouri fut durement frappé par la maladie. La
population libanaise était pleinement consciente qu'en perpétrant cet acte
cruel et injuste à l'encontre de Docteur Dahesh, ce dernier avait suscité une
puissance spirituelle, le plongeant irrémédiablement dans la folie. Enveloppé
par la tourmente de ses propres réflexions, il s'engouffra de manière
irréfléchie dans une forme de démence des plus profondes, abandonnant ainsi
toute rationalité. [xxii]
Après la déchéance publique du
président Béchara El Khouri, la persécution des partisans de Dahesh connut
temporairement une pause significative.
D’un autre côté, dès la prise de fonction par le nouveau président
Camille Chamoun, les disciples de Dahesh le pressèrent de restituer leur guide
dans ses droits. Ainsi, à la suite d'une analyse approfondie des complexités du
dossier de Docteur Dahesh, le juge Dr Antoine Baroud mit en lumière la nature
illégale des décisions adoptées par l'ancien président Béchara El Khouri. Par
suite des observations pertinentes formulées par ce juge, le Conseil des
ministres décida, le 6 février 1953, d'annuler ses résolutions antérieures et
de rétablir pleinement les droits de citoyenneté libanaise de Docteur Dahesh.
Le 24 mars 1953 restera gravé dans
les mémoires comme le jour où le président Camille Chamoun prit l'audacieuse
décision de lever les restrictions instaurées illégalement par le décret
présidentiel de son prédécesseur, restituant
ainsi à Docteur Dahesh ses droits. Lors de cette victoire éclatante sur le champ de bataille où l'oppression
et l'injustice s'affrontaient, Docteur Dahesh poussa un cri de triomphe :
En réaction à l'attaque
sournoise portée à ma liberté sacrée, je pris l'initiative de me transformer en
un lion intrépide, fonçant tel un éclair sur le despote tyrannique pour le
terrasser avec une puissance fulgurante.[xxiii]
Après la destitution de Béchara El
Khouri, Docteur Dahesh décida de cesser ses critiques envers l'ancien président
et toutes les institutions étatiques. Toutefois, d'après les affirmations de
l'avocat Me Khalil Zaatar, le crime du siècle s'avéra être l'événement criminel
le plus marquant du 20ᵉ siècle.
Il s'agissait d'un acte odieux commis sans aucune compassion envers un individu
innocent par des dirigeants libanais aux convictions politiques et religieuses
variées. Cette mémoire restera effectivement gravée perpétuellement dans
l'esprit de Docteur Dahesh, laissant une marque indélébile sur son travail
jusqu'à la fin de sa vie :
Les sombres souvenirs
de cette journée maudite sont venus assaillir mon esprit. Je saisis ma plume,
prêt à écrire ces mots qui marqueront profondément l'histoire des Dahéshistes,
soulignant la cruauté extrême de l'injustice et l'oppression sans égal dont
j'ai été victime.[xxiv]
Soudain, son esprit s’évada vers
les conséquences néfastes que ce crime d'une grande envergure engendrerait :
Les conséquences de
cette action répréhensible pourraient s'avérer désastreuses. N'est-il pas
possible, en scrutant les écrits sacrés de l'Ancien Testament, au sein des dix
préceptes du Très-Haut, de discerner cette assertion saisissante : "Moi,
Jéhovah, ton Seigneur, je suis Celui qui fait peser les répercussions des
fautes des pères sur leur descendance jusqu'à la troisième et quatrième
génération envers ceux qui s'éloignent de Moi » ? [xxv]
Docteur Dahesh met en lumière une
fois de plus l'importance de cette déclaration, en réalisant une analyse
approfondie du délit commis à son encontre par l'État libanais, en
collaboration avec le clergé et sous la supervision des dirigeants libanais de
toutes confessions, qu'elles soient politiques ou religieuses. Cela met en
évidence un aspect essentiel :
Les
dirigeants politiques du Liban commirent une erreur monumentale qui restera
gravée dans l'histoire comme un témoignage sombre et indélébile, par suite d’un
moment d'égarement. Leur responsabilité fut exposée sans détour, car l'Histoire
ne fait preuve d'aucune indulgence. Cette action, perçue comme un affront
flagrant, nuira à la réputation du Liban, ainsi qu'à celle de ses journalistes
et de ses dirigeants. Aucun des individus ne jugea bon de s'acquitter de sa
responsabilité ! En effet, ils se démarquèrent particulièrement par leur
absence flagrante aux côtés de la justice, sans la moindre hésitation !
Ils décochèrent leurs flèches empoisonnées, créant ainsi un piège mortel pour
défendre leurs intérêts et assouvir leurs desseins les plus malveillants ! [xxvi]
L'acte courageux et solitaire de
l'écrivain français Émile Zola en faveur de Dreyfus se révèle en l’occurrence
comme une plaidoirie mémorable et intemporelle, captivante à observer, admet
avec fierté Docteur Dahesh. Profondément préoccupé par le comportement
inacceptable des journalistes et des intellectuels libanais, il met en lumière
leur implication dans la persécution d'un individu en raison de ses
convictions. Après avoir exprimé son admiration pour le courage de l'écrivain
français, il s’exclame :
Au Liban, aucun
écrivain engagé, aucun pionnier de l'information n'eut le courage de s’élever
pour défendre la voix d'un opprimé, d'un martyr. Les douloureux souvenirs
conserveront avec une profonde tristesse le déclin qui frappa le Liban,
provoquant une révolte dévastatrice qui ravagea ses villes et ses villages, les
réduisant en cendres. En effet, le Liban sombra progressivement dans une
profonde détresse, laissant derrière lui un épais nuage de poussière. Quelle
horrible tragédie ! [xxvii]
Après sa victoire, Docteur Dahesh
décida de demeurer discret, sachant que le clergé, affecté par une amertume
tenace due à ses échecs répétés, était attentif à la moindre erreur afin de le
discréditer et de le persécuter. Avec l'approbation des autorités compétentes,
les membres du clergé firent cependant preuve d'une grande créativité pour
restreindre la propagation du Dahéshisme parmi la population. Par exemple, dans
les années 1970, tandis que les autorités politiques et religieuses décidaient
de ne pas tenir compte des réunions et des discussions organisées par des
groupes athées, elles mettaient tout en œuvre pour empêcher la tenue d'une
conférence sur le Dahéshisme, une initiative pourtant demandée par la
population.
Ainsi, Docteur Dahesh condamne
fermement, dans le douzième volume des Voyages dahéshistes autour du monde,
l'injustice flagrante entretenue par les autorités gouvernementales et
religieuses. Il expose le complot ourdi par des personnalités influentes au
sein des sphères du pouvoir et de l'autorité religieuse catholique afin de
saboter la réalisation de cette conférence redoutée.
Ces éminentes personnalités
ecclésiastiques et politiques s’associèrent avec détermination pour s'opposer
au Dr Ghazi Brax dans son projet de donner une conférence sur le Dahéshisme à
la faculté de Droit de l'Université libanaise en 1971. Lorsque le Dr Boutros
Dib progressait dans sa carrière pour devenir directeur général du ministère de
la Justice libanais en 1977, Docteur Dahesh se souvint d'un événement marquant
quand le Dr Dib était secrétaire de la présidence sous Suleyman Frangié.
Pendant qu’il exerçait ses fonctions, ce haut fonctionnaire avait alors
démontré une détermination inébranlable pour empêcher la tenue de la conférence
du Dr Brax.
Docteur Dahesh dénonça la tyrannie
et l'extrémisme de cette figure, en utilisant des termes révélateurs de
l'hostilité et du mépris des autorités envers la liberté de pensée, notamment
celle associée au Dahéshisme. Il formula alors des critiques virulentes à
l'encontre de ce candidat postulant à un poste sensible au sein du ministère de
la Justice.
(Boutros Dib) avait
déjà entamé le processus de dévalorisation de cette institution judiciaire en
la sapant de façon systématique, compromettant ainsi ses bases. C'est à cet
instant précis que le docteur Ghazi Brax s'apprêtait à prononcer son discours,
le 21 mai 1971, lors d'une conférence organisée à la tribune de la faculté de
droit à la demande de l'Association des étudiants de l'université libanaise. Le
sujet de sa présentation concernait la doctrine dahéshiste, abordée de façon
provocante sous le titre audacieux de "Le Dahéshisme, une vérité
spirituelle soutenue par des miracles".[xxviii]
Docteur Dahesh met en lumière la forte
opposition du clergé et de l'État à la tenue de cette conférence sur le
Dahéshisme, soulignant leur forte insistance pour l’annuler :
Pris d'une profonde
appréhension, le patriarche El Ma'ouchi décida de contacter le palais
présidentiel afin de demander l'annulation de ladite conférence. Les consignes furent
communiquées à Boutros, cet individu ambitieux d’occuper le poste de ministre
de la Justice. Sans la moindre hésitation, Boutros prit son téléphone et appela
le distingué Dr Edmond Ne’im, éminent doyen de la faculté de droit, afin de
solliciter l'annulation immédiate de cette conférence portant sur des concepts
controversés.[xxix]
Néanmoins, le Dr Edmond Ne’im, le
doyen de la faculté de droit et président de l'Université libanaise, rejeta de
façon catégorique les demandes pressantes du secrétaire de la présidence de la
République, Boutros Dib, en écartant ses arguments avec dédain :
Quelle empreinte
laisserai-je dans l'Histoire si je décide consciemment de retirer de mon emploi
du temps cette conférence tant espérée par la population libanaise, assoiffée
de savoir et de moments de partage ? [xxx]
Surpris par la requête formulée par
le secrétaire du palais présidentiel, M. Edmond Ne’im, en tant que juriste et
recteur de l'Université libanaise, poursuivit, en s'exprimant de manière
directe envers le secrétaire de la présidence :
Souhaites-tu que
j'éteigne cette lumière, empêchant ainsi l'accès à cette conférence tant
attendue à laquelle nous désirons tous impatiemment assister pour écouter les
propos du Dr Ghazi Brax sur une nouvelle doctrine adoptée par les intellectuels
du Liban, ses écrivains, ses poètes, ses médecins, ses avocats et ses
commerçants, tous membres d'une élite parmi les notables du pays ?[xxxi]
Dr Edmond Ne’im exprima ses propos
avec une précision incisive, tel un tir de projectiles, en s'opposant au
secrétaire de la présidence sans faire preuve du moindre tact, ajoutant en
blâmant le secrétaire du président libanais Slayman Frangié :
En cet endroit
privilégié, même le dirigeant le plus autoritaire ne pourrait étouffer la voix
puissante et imposante de ses concitoyens, car ici, la liberté de pensée
s'élève avec grandeur, défiant toute tentative de soumission. Si je cède à ta
demande, je serai couvert du voile sombre de la honte, contraint de porter le
lourd fardeau du déshonneur. De plus, les individus qui t’ont chargé de cette
tâche, que tu as d'ailleurs acceptée dans le dessein de me transmettre le
message, verront leur réputation entachée et leur nom associé à l'ignominie.
[xxxii]
Docteur Dahesh pointa du doigt
l'attitude fanatique du secrétaire présidentiel, le réprimandant avec une
amertume cinglante :
Boutros demeurait
impassible face aux propos empreints de sincérité du professeur Edmond Ne’im,
les recevant tel un orage sans fléchir, répétant sa demande non pas une, ni
deux, mais bien quatre fois de suite ! Cependant, il se voyait
invariablement confronté à des échecs notables face à la résistance tenace du
vénérable doyen, président intègre de l'université libanaise. [xxxiii]
Le secrétaire de la présidence
appuya vivement la proposition d'annuler la conférence du Dr Brax portant sur
l'enseignement dahéshiste et insista fort pour arriver à son but. Docteur
Dahesh met en lumière son attitude, soulignant son insistance :
Ainsi, ce loup de
Boutros Dib peut-il nier ce que nous venons de mentionner, notamment ses quatre
appels pour interdire la conférence ? Certainement pas ! Et non
seulement il ne peut pas le nier, mais aussi il déguerpira d’épouvante, alors
que l’Histoire le saisit, l’emprisonnant tel un coupable ! Où pourra-t-il
donc fuir ? Il fut effectivement conduit dans la cage d’accusation afin
que tout le monde le voie, que des millions lisent le récit de son ignoble
acte. En vérité, il récoltera ce qu’il sema ![xxxiv]
Malgré tout, le docteur Brax livra
sa conférence comme il le fallait, et Docteur Dahesh en fit éloquemment l’éloge
dans ces lignes :
Le
docteur Ghazi
Brax donna une précieuse conférence depuis la prestigieuse tribune de la
faculté de droit libanaise. La salle était remplie d'une foule d'auditeurs,
avec un nombre de personnes debout nettement supérieur à celui des privilégiés
assis. En revanche, les représentants officiels du patriarcat et du couvent des
jésuites, missionnés pour perturber le conférencier dans ses réflexions, essuyèrent
un échec retentissant ! [xxxv]
Bien loin de se laisser déstabiliser
par les tentatives de sabotage de ses détracteurs, le conférencier dahéshiste
remporta une victoire éclatante, surpassant ainsi toutes les attentes placées
en lui. En réalité, Dr Brax se démarqua brillamment dans l'art de la
persuasion. Grâce à la force incontestable de ses arguments, il fit
taire leurs hordes
envoyées exprès pour l’embrouiller, et elles perdirent dans la honte fort
ignoble. Tellement leur colère et leur exaspération étaient extrêmes en raison
du succès de cette précieuse conférence dahéshiste, elles eurent les visages
plombés d’un reflet livide, et leurs physionomies se décolorèrent puis
recolorèrent à la manière du caméléon. [xxxvi]
Les forces envoyées pour semer le
désordre furent finalement réduites au silence, subissant une défaite à la fois
humiliante et inattendue. Le succès éclatant de cette conférence provocatrice
les plongea dans une colère et une exaspération d'une intensité telle que leurs
visages se figèrent soudain dans une pâleur cadavérique, avant de se
métamorphoser tel un caméléon aux nuances changeantes.
En adoptant un point de vue
différent, Docteur Dahesh exprima clairement toute sa mélancolie face à
l'injustice encore perpétrée par les dirigeants libanais dans les années 70,
contribuant ainsi à l'aggravation des injustices subies par les adeptes du Dahéshisme.
Et, en l’occurrence, il rappelle avec une grande émotion les conséquences
désastreuses des mesures autoritaires prises par le président antérieur Béchara
El Khouri dans les années 40.
Néanmoins, l’incident
regrettable, voire fort regrettable, résidait dans la participation effective
des autorités à cet odieux crime, crime de l’envoi de plusieurs détectives qui
interdirent la prise des photos pour cette conférence historique de crainte
qu’elles ne soient imprimées dans les journaux ; tel était en réalité le
désir de la patriarchie et du monastère des jésuites, mais aussi le désir des
hommes au pouvoir durant la présidence de Sleiman Frangié. [xxxvii]
Docteur Dahesh rappelle, en mettant
en lumière la résistance farouche des dahéshistes face à leur persécution
systématique durant le règne du criminel Béchara El Khouri, une période
désastreuse pour le Dahéshisme. Ce tyran fut confronté à des répliques acerbes
de la part de ses disciples. Il mit en avant de manière solennelle la
publication d'une variété d'écrits sombres dévoilant de façon frappante les
détails infâmes de ses méfaits, de ses vols, de ses turpitudes et de ses actes
répréhensibles.[xxxviii] Il le rappelle pour déplorer la
continuité du régime actuellement en place, assujetti encore à l'influence du
clergé, à réprimer le Dahéshisme sans tenir compte des leçons tirées des échecs
rencontrés par le président Béchara El Khouri, dont
l’éviction humiliante
par le peuple le mena à une chute dans une ignominie profonde, ternissant ainsi
son honneur et le plongeant dans un déshonneur perpétuel. Particulièrement
marquée par son éviction du pouvoir dans une atmosphère d'humiliation et de
honte, infligée par le peuple qui l'avait vu sombrer dans les abîmes les plus
vils, des abîmes qui avaient entaché son honneur, le précipitant dans la boue
de l'infamie éternelle.[xxxix]
Confronté à la situation
préoccupante du Moyen-Orient, où les idées ont du mal à s'épanouir en toute
liberté, Docteur Dahesh exprime son désarroi, déclarant à cet égard :
Ces persécutions
récurrentes soulignent la difficulté constante de l'Orient à se défaire des
contraintes de l'oppression et à dépasser la honte qui le tourmente. Convaincu
que l'Orient ne justifiait pas la présence de ceux en quête de liberté, le
Dahéshisme décida de quitter ses contrées pour se tourner vers les terres de
l'émancipation, à savoir l'immense Amérique. [xl]
Les Dahéshistes s'investissaient
avec résolution dans la diffusion, malgré les difficultés rencontrées, des
précieux enseignements de Docteur Dahesh auprès d'un vaste public avide de
savoir. Ils étaient alors obligés de contourner les canaux officiels d'information,
qui leur étaient soigneusement inaccessibles, en se référant à des articles de
presse et à des conférences.
Le fondateur du Dahéshisme continua à promouvoir sa philosophie spirituelle
auprès d'un public en expansion constante, comprenant un nombre croissant de
fidèles. Il est évident que la poursuite des partisans du Dahéshisme,
bien que moins intense, a pris une nouvelle tournure, à la fois dans sa forme
et dans son ambiance. Les médias observaient avec attention le Dahéshisme ainsi
que l'œuvre littéraire renommée de Docteur Dahesh, manifestant une curiosité à
la fois fascinante et réservée, comme s'ils étaient contraints d'évoluer autour
de ces sujets sans jamais les aborder directement dans leurs discours. À titre
d’exemple, malgré sa réputation de précurseur du romantisme arabe et son
importante contribution littéraire comprenant plus d'une centaine d'ouvrages,
ses écrits furent délibérément exclus des programmes et des anthologies
littéraires arabes au Liban.
Toutefois, selon la vision de
Docteur Dahesh, le Dahéshisme, tel un écho céleste parmi d'autres, saura
affronter avec courage les épreuves qui se dresseront sur son chemin et
avancera avec une détermination inébranlable, à l'instar des paroles divines qui
le précédèrent. Il est encouragé à suivre sa propre voie sur terre, un chemin
tracé par le doigt du Destin. Malgré les difficultés et les troubles
rencontrés, la philosophie dahéshiste persistera à éclairer l'humanité, tel un
astre brillant surgissant des ténèbres.
La philosophie de Dahesh, tel un
joyau précieux transmis de génération en génération, nous encourage à revisiter
les bases de la spiritualité. Elle encourage à adopter un mode de vie enrichi
par ces connaissances célestes afin d'atteindre le bonheur et de retrouver la
voie menant à l'harmonie avec le divin.
En outre, la doctrine dahéshiste
s'aventure courageusement dans les méandres de la clarté en examinant des
concepts métaphysiques essentiels, souvent négligés par les doctrines
spirituelles antérieures. Elle se lance dans une analyse approfondie des questions
éternelles, en abordant des thèmes tels que la justice divine, la mortalité,
les délices du paradis, les tourments de l'enfer, les châtiments, les
récompenses, ainsi que la réincarnation de l’âme à travers divers univers.
Dans un monde saturé par la quête
des biens matériels et assombri par le scepticisme, l'enseignement de Docteur
Dahesh s'emploie notamment à rétablir la légitimité des anciennes quêtes
spirituelles. Il soutient avec assurance l'existence d'un Être Suprême à
l'origine de tous les univers.
En dépit
de tous les obstacles, Docteur Dahesh s'engage avec détermination à poursuivre
son combat, à diffuser sa mission éminente jusqu'à ce qu'elle prenne racine profondément dans la Terre et s'élève vers les cieux. Il adresse
inlassablement ses prières au Créateur de l'univers terrestre et céleste,
jurant de continuer sa lutte malgré tous les obstacles, de persévérer à prêcher
et à diffuser sa mission jusqu’à ce qu’elle envahisse la Terre et se propage
aussi dans le Ciel.[xli]
Devant l'insouciance persistante au
Moyen-Orient, où l'ignorance, l'intolérance et l'obscurantisme sont favorisés
par un clergé avide de pouvoir et des souverains injustes, Docteur Dahesh,
profondément affecté par cette situation, décida de s'exiler volontairement aux
États-Unis d'Amérique.
Ainsi, animé par le désir de fuir
l'horreur de la guerre confessionnelle qui ravageait le Liban depuis presque
vingt ans, il prit finalement la décision, en 1976, de quitter le Liban pour
les États-Unis d'Amérique, considérant ce pays comme un environnement favorable
pour poursuivre sa quête. Il est revenu au Liban en 1978 pour faire imprimer
une multitude de ses ouvrages.
Cependant, le 1er septembre 1980
marque le moment où il prit la décision de quitter définitivement le Liban.
C'est à ce moment-là qu'il entreprit un voyage à travers l'Europe avant de
finalement s'installer aux États-Unis, où il décida de résider jusqu'à la fin
de sa vie.
Le 9 avril 1984, l'auteur du Repos
de la mort est décédé, laissant un précieux héritage culturel d'une grande
valeur. C'est à New York que se trouve fièrement érigé le siège imposant de la
prestigieuse maison d'édition dahéshiste. Depuis 1986, The Daheshist Publishing
Company Ltd s'engage activement dans la diffusion des écrits de Docteur Dahesh
à l'échelle internationale, agissant en tant que porteur des paroles éclairées.
D’un autre côté, Dahesh Heritage est
un endroit où les paroles de Docteur Dahesh prennent vie à travers des écrits
qui résonnent encore aujourd'hui, telles des paroles intemporelles. En plus
d'exposer les ouvrages de l'éminent écrivain, cette librairie propose également
Dahesh Voice, une revue bilingue qui éclaire les esprits depuis sa
fondation en 1995. Au cours de cette même année, un musée d'une singularité
exceptionnelle fut inauguré à New York : The Dahesh Museum expose la précieuse
et remarquable collection de Docteur Dahesh. En plus de ces trésors, cet
établissement abrite une collection exceptionnelle de livres, constituant ainsi
la bibliothèque privée de Dahesh.
Depuis sa tendre enfance, Salim El
Ashy, futur Docteur Dahesh, ressentait toujours en lui un appel profond :
celui de restaurer la pureté divine de l'humanité et de la ramener à sa source
céleste. Docteur Dahesh s'investissait pleinement dans l'établissement des
bases de sa mission et la diffusion de son message spirituel, malgré les
nombreux obstacles, les persécutions organisées et les intrigues ourdies par
les autorités religieuses et politiques. Ce messager divin entreprit un périple
en direction d'un lieu de quiétude. Malgré les défis persistants dans
l'exploration d'une compréhension approfondie de l'éducation contemporaine, de
nouveaux lieux de savoir émergent, tels que des musées, des maisons d'édition,
des revues spécialisées et d'importantes bibliothèques académiques. Ils
s'engagent à la fois à enrichir l'humanité et à libérer l'être humain de
l'emprise matérielle, lui offrant ainsi la possibilité de retrouver sa gloire
originelle, perdue depuis la Chute primordiale et universelle.
Il est donc incontestable que le
Dahéshisme, tel que prédit par Docteur Dahesh, évoluera vers une croyance
universelle, voire cosmique, défiant ainsi les persécutions et les intrigues
ourdies par des forces malveillantes.
Adel Younes
Laval, le mardi 25 décembre 2012, à 18 h 30
[i] - Son père vient d'Esfes et
sa mère d’Azech (Idil), deux
villages, actuellement, situés au pied du Tur Abdin, Montagne des serviteurs de Dieu, dans la province de Sirnak ,
en Turquie.
[ii] - Les Mots du Docteur Dahesh, Annar Wannour,
Beyrouth, 2e édition, 1983, p. 149. Sauf indication contraire, toutes les
citations de l’œuvre de Docteur Dahesh sont traduites par Adel Younes.
[iii] - Ibidem
[iv] - Ibidem
[v] -
"Préface", Le Repos de la Mort, p. 8.
[vi] - Les Mots du Docteur Dahesh, p. 149.
[vii] - Mon Accueil de l'année 1937, Souvenirs in Les
Jardins, pp. 57-58.
[viii] - Marie Hadad, Les Miracles de Docteur Dahesh et
ses actes spirituels, Beyrouth, Annar Wannour, 1983, pp. 36-53.
[ix] - Rapport confidentiel No : 7/303, à la
suite de l'enquête exécutée par le commissaire Fadel Azouri, le 3-12-1942,
envoyé au Premier Procureur général. Cité in F. Zaatar, "Le Spiritisme
dans le droit libanais et dans l'affaire Docteur Dahesh" in Lumières
sur l'affaire Docteur Dahesh, P. 227.
[x] - Marie Hadad, Les Miracles de
Docteur Dahesh, 36-53.
[xi]
- Ibidem, pp. 36-37.
[xii]- Ibidem, p.36.
[xiii] - Ibidem, p. 38.
[xiv]- Consultez à cet égard Halim Dammousse, Les
Miracles et les prodiges Dahéshistes extraordinaires, p. 105.
[xv] - Correspondance du Docteur Dahesh avec le Dr
Mohamed Hussein Haykal Pacha, Annisr Al-Muhallek, Beyrouth, 1979.
[xvi] - L'article 9 de la Constitution libanaise.
Consultez également l'étude détaillée de Me F. Zaatar qui fait la lumière sur
l'affaire Dahesh : "Lumières sur l'affaire Docteur Dahesh",
in Op. Cit., PP. 242-248.
[xvii] - Cité in F. Zaatar, Op. Cit., p. 257. Cette lettre
a été publiée en 1945 sous la forme d’un livre noir.
[xviii] - ‘’Le crime
des crimes ou l'horrible crime perpétré par le despote Béchara
El Khouri’’, in Correspondance du Docteur Dahesh avec Dr Mohamed
Hussein Haykal Pacha
[xix] - Docteur Dahesh relate minutieusement ces événements
très importants de sa vie dans deux ouvrages à paraître : Un
Innocent en chaînes ou journal du Prisonnier de la traîtrise et de la
perfidie et L'Inspiration de la prison, du dépouillement, de
l'Exil et de l'Errance.
[xx] - Marie Hadad fait allusion aux complots impliquant le
clergé dans l'Affaire du Docteur Dahesh dans son ouvrage intitulé : Les
Miracles du Docteur, 1983.
[xxi] - ‘’Le crime des crimes ou l'horrible crime perpétré par
le despote Béchara El Khouri’’, in Correspondance du Docteur
Dahesh avec Dr Mohamed Hussein Haykal Pacha.
[xxii] - Ibidem.
[xxiii] - Les Mots du Docteur Dahesh
[xxiv] - Ibidem, pp. 105-106.
[xxv] - Ibidem, pp. 105-106.
[xxvi] Ibidem.
[xxvii] - ‘’Le crime des crimes ou
l'horrible crime perpétré par le despote Béchara El Khouri’’, in Correspondance
entre Dr Dahesh et Dr Haykal.
Voir aussi Docteur Dahesh, Les Voyages dahéshistes
autour du monde, vol 12, pp 213-216. Daheshist
Publishing Co Ltd, New York, N. Y., 1992.
[xxviii] - Ibidem, pp 14-16.
[xxix] - Ibidem.
[xxx] - Ibidem.
[xxxi] - Ibidem.
[xxxii] - Ibidem.
[xxxiii] -Ibidem.
[xxxiv] - Ibidem.
[xxxv]- Ibidem.
[xxxvi] - Ibidem.
[xxxviii] - Ibidem.
[xxxix] - Ibidem.
[xl] - Ibidem.
[xli] - Docteur Dahesh, L’Accueil à l'an 1937, Souvenirs, in Les Jardins.